Pharma Papers

Lobbying et mégaprofits :
tout ce que les labos pharmaceutiques voudraient vous cacher.
Laboratoires pharmaceutiques,
lobbying et mégaprofits

Les associations de patients, des alliés précieux pour l’industrie du médicament et des implants

Association de patients et laboratoires pharmaceutiques ont souvent des intérêts communs : encourager l’arrivée rapide de nouveaux traitements ou de nouveaux dispositifs médicaux, et obtenir un taux de remboursement favorable. L’industrie l’a bien compris, qui n’hésite pas à soutenir financièrement ces associations, qui deviennent pour elle des relais de marketing, voire jouent les intermédiaires avec l’assurance maladie. Et qui ne se préoccupent pas trop des effets indésirables ou des incidents provoqués par leurs produits, tels que ceux récemment révélés par les « Implant Files ». Mais certains représentants des malades se rebiffent.

Sur les sites web de certaines associations de patients, la liste des « partenaires » est parfois aussi longue qu’une notice de médicament. Plus la maladie touche de monde, comme le cancer ou le diabète, plus cette liste s’allonge. Illustration avec celle de la Fédération française des diabétiques (FFD) : Abbott, Johnson&Johnson, Ascensia, AstraZeneca, Bayer, Bioderma, DinnoSanté, Lilly, Medical, Medtronic, MSD, Novartis, Novo Nordisk, Owen Mumford, Pierre Fabre, Roche, Sanofi, Urgo, Ypsomed… Tout le gratin de l’industrie du médicament et des dispositifs médicaux.

Selon la FFD, 3,7 millions de personnes en France prennent un traitement médicamenteux pour leur diabète. Soit plus de 5 % de la population. Accidents vasculaires et cérébraux, infarctus, insuffisance rénale, cécité… tels sont les principaux risques associés à cet excès du taux de sucre dans le sang. Ce risque peut être réduit par un changement d’habitudes alimentaires, de pratiques physiques et, le cas échéant, par des traitements pharmaceutiques. Un marché juteux pour les labos, qui rivalisent d’ingéniosité pour proposer de nouveaux médicaments à destination des diabétiques, toujours plus chers sans que leur intérêt thérapeutique ou leur caractère novateur soit forcément avéré. Parmi les plus controversés de ces traitements, les statines – en particulier le Crestor d’AstraZeneca, qui figure parmi les médicaments les plus remboursés par la sécurité sociale (1).

Certains traitements controversés contre le diabète coûtent très cher à la sécurité sociale.

Face à ces « innovations » commerciales, aux tentatives de séduction des grands labos et à leurs offensives marketing, peut-on compter sur les associations de patients pour garder leur esprit critique ? « Depuis 2003, nous avons travaillé à notre indépendance financière », affirme Gérard Raymond, le président de la Fédération française des diabétiques. Celle-ci revendique pas moins de 160 000 membres actifs (donateurs, adhérents, abonnés…). Le budget annuel de l’association, de 4,2 millions d’euros, est alimenté à 50 % par les dons de particuliers, à 30 % par les laboratoires, à 10 % par son journal Équilibre (lui-même financé « en grande partie » par la publicité de l’industrie pharmaceutique) et les 10 % restant par les pouvoirs publics. Le site EurosForDocs, basé sur les données de la base Transparence Santé, recense 239 liens d’intérêts entre les labos et la FFD (ou son ancêtre, l’Association française des diabétiques) depuis 2012. Les industriels déclarent avoir dépensé à son profit 947 961 euros, soit 157 992 euros par an.

Le Top 10 des associations de patients les plus financées par l’industrie pharmaceutique

Association de patients Montants reçus* Nombre de liens d’intérêts* Contrats sans montant*
Association asthme et allergies 1 295 137 € 98 26
Association/Fédération française des diabétiques (AFD/FFD) 947 961 € 239 61
Association française des hémophiles 868 858 € 166 50
Fédération SOS Hépatite 866 951 € 163 37
Vaincre la mucovisidose 861 516 € 175 54
France Psoriasis 858 706 € 174 42
Actions traitements 683 280 € 52 12
Aides 637 857 € 124 14
Aide aux jeunes diabétiques (AJD) 517 522 € 81 23
Alliance maladies rares (AMR) 381 821 € 35 5

* depuis 2012.

La Fédération figure en deuxième position du palmarès des associations d’usagers de la santé les plus gâtées par les laboratoires, aux côtés de l’association Asthme et Allergies ou encore de l’Association française des hémophiles. Transparence Santé recense les avantages (cadeaux, invitations, voyages) et les contrats passés entre l’industrie pharmaceutique et les acteurs de la santé. Elle est notoirement lacunaire, ce qui explique peut-être le rapport de 1 à 10 entre les sommes déclarées par les labos et ce que la FFD touche effectivement pour couvrir 30 % de son budget…

Une fonction d’entremetteur entre les labos et l’assurance maladie

De fait, les relations entre firmes pharmaceutiques et associations de patients sont multiples. Il ne s’agit pas seulement de « dons » plus ou moins intéressés. Les labos peuvent également leur commander des études, notamment sur les pratiques des patients, afin d’orienter leur recherche et développement (R&D) et faciliter le lancement de leurs nouveaux produits. Un jour de septembre 2015, la direction d’Abbott est ainsi venue présenter dans le bureau de Gérard Raymond, au siège de la FFD, un nouveau capteur permettant aux patients de surveiller en continu leur taux de glucose dans le sang. « Nos études sociologiques ont montré que les patients comprenaient mieux leur traitement avec ce nouveau dispositif, qu’ils avaient une grande liberté de vie », explique le président de l’association. Un discours qui résonne fortement avec le nom choisi par Abbott pour le dispositif, « Freestyle libre ».

« Nous n’avons pas besoin d’avoir un droit de décision pour peser dans les négociations. »

Le capteur a obtenu en juillet 2016 une note d’« amélioration du service médical rendu » de 3 (amélioration modérée), décernée par la Haute autorité de santé (HAS). Et ce, « grâce à notre étude », assure Gérard Raymond. Ce critère d’évaluation va de 1 (pour une véritable innovation) à 5 (amélioration nulle). Il sert ensuite de base à la négociation du prix et à la fixation de son taux de remboursement. La Fédération française des diabétiques a continué à jouer les entremetteurs entre l’État et Abbott aux étapes suivantes de la procédure. « Nous sommes allés voir l’assurance maladie et lui avons demandé d’augmenter de 5 euros, puis Abbott pour lui dire de baisser son prix de 5 euros », se vante le dirigeant de la FFD. « Nous n’avons pas besoin d’avoir un droit de décision au CEPS [Comité économique des produits de santé, qui négocie le tarif des médicaments et des dispositifs médicaux, NDLR] pour peser dans les négociations afin que les dispositifs médicaux innovants soient remboursés. »

Comment l’interdiction de la publicité sur les médicaments est contournée

En l’absence de moyens publics suffisants pour la prévention et l’information des patients, les associations de patients peuvent aussi se substituer à l’État, avec l’appui des laboratoires pharmaceutiques. Avec pour résultat, souvent, des campagnes de sensibilisation et de communication très biaisées en faveur des intérêts de ces derniers, comme celle de France Psoriasis en partenariat avec le laboratoire Abbvie (lire notre article « Comment les labos se cachent derrière des campagnes de sensibilisation apparemment “neutres” »). La Fédération française des diabétiques a par exemple lancé le site www.mapompeainsuline.fr en partenariat avec les fabricants de ces pompes, qui permettent une perfusion sous-cutanée d’insuline par les malades eux-mêmes. Ce qui revient à faire la promotion auprès du grand public d’un nouveau dispositif médical sous prescription et remboursé par l’assurance maladie, ce que l’industrie n’a légalement pas le droit de faire directement. C’est d’ailleurs l’argument invoqué par le laboratoire Abbott pour refuser nos demandes d’entretien pour cet article. Avant de nous renvoyer aux «  meilleurs interlocuteurs compte tenu [du] sujet » : « les responsables de la Fédération du diabète »

Des centaines de milliers d’incidents liées aux pompes à insuline.

Face aux moyens dont disposent les labos et les associations qu’ils soutiennent, les voix plus critiques ont du mal à se faire entendre. Pourtant, il y aurait des choses à dire. Les « Implant Files » récemment mis en lumière par le Consortium international de journalistes d’investigation montrent que « les implants le plus souvent mis en cause [dans des incidents] sont les pompes à insuline équipées d’un capteur de glycémie » avec environ 421 000 incidents aux États-Unis entre 2008 et 2017, dont 1 518 morts et 95 584 blessés.

Des incidents minimisés

Medtronic, le fabricant d’implants au centre du scandale, figure d’ailleurs parmi les généreux donateurs de la FFD. En octobre 2017, il lui a commandé une étude à 40 700 euros sur les pratiques des patients pour orienter sa recherche-développement et faciliter le lancement de ses produits. Pour l’année 2018, le président de la FFD, que nous avons interrogé à ce sujet, évalue les contributions de Medtronic à environ 43 000 euros : des commandes d’études, une contribution à l’organisation des états généraux du diabète et des « insertions dans notre journal Équilibre ». Et l’entreprise contribue également, à hauteur de 15 000 euros par an, au site « mapompeainsuline.fr »« À chaque fois qu’on nous rapporte un incident, ce n’est pas dû à un dispositif médical défaillant mais à manque d’information du patient qui ne sait pas s’en servir, car son endocrinologue n’a pas pris le temps de bien lui expliquer », assure Gérard Raymond.

FAQ ⎜ 5 questions sur le Freestyle Libre !

Les capteurs de glycémie implantés, comme le Freestyle libre d’Abbott recommandé par la FFD, provoquent aussi des problèmes. 237 254 incidents aux États-Unis en dix ans, selon les « Implant Files ». « Je suis allergique à la colle de la coque du Freestyle libre et Abbott ne nous informe pas sur les effets indésirables. Cela me provoque des brûlures à l’endroit du capteur et de l’eczéma de contact qui peut coloniser tout mon corps. Cela entraîne des démangeaisons insupportables », se plaint ainsi Frédérique Georges Pichot, membre d’une des rares associations de patients totalement indépendante de l’industrie pharmaceutique, Diabète et méchant. Elle a interrogé plusieurs diabétologues, qui « minimisent le problème » selon elle. Des tutoriels en ligne de patients atteints de diabète et de représentants d’associations d’usagers de la santé livrent même leurs astuces artisanales en cas d’allergie, comme celle d’utiliser un pansement à ampoule pour faire tampon…

Le poids du lobbying des associations de patients… sur les comptes de la Sécu

La voix des représentants des patients, avec l’énorme capital émotionnel et symbolique qu’elle représente, est d’autant plus précieuse pour les laboratoires qu’elle ne saurait être suspectée de chercher les profits à tout prix. Un atout inestimable non seulement vis-à-vis des décideurs et des autorités de santé, mais aussi du grand public. D’autant qu’inévitablement « les associations de patients financées par l’industrie pharmaceutique ont une audience beaucoup plus importante [que les autres], car davantage de moyens », pointe Elise Van Beneden, avocate de l’association de lutte contre la corruption Anticor (2).

Le Top 10 des laboratoires qui financent le plus les associations d’usagers de la santé

Laboratoire Montant total Nombre de déclarations
Sanofi SA 4 774 705 € 1 053
Novartis 3 452 936 € 1 314
Gilead Sciences 3 048 330 € 185
Bristol-Myers Squibb 2 636 197 € 406
Roche 2 613 849 € 64
ViiV Healthcare SAS 2 247 807 € 275
Johnson & Johnson 1 843 509 € 299
Abbvie 1 596 460 € 342
Pfizer 1 198 739 € 804
MSD 1 136 221 € 332

« Plus une association de patients est proactive, plus elle est présente dans les médias en se plaignant qu’il n’y a pas de traitement pour eux, plus elle sensibilise l’opinion publique et plus le lobbying peut porter ses fruits. Car inévitablement, le Comité économique des produits de santé y est davantage sensible et le prend en compte quand il fixe le prix des médicaments », confirme Sylvain Pichetti, économiste à l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES). D’autant que les associations les plus puissantes sont souvent aussi celles qui portent la parole des patients atteints de maladies graves, qui se trouvent sur la liste des affections de longue durée exonérantes établie par le ministère de la Santé, et remboursées à 100 % par la Sécurité sociale. « La France est le pays qui rembourse le mieux les traitements, où le reste à charge est le plus faible dans le monde. De ce fait, le coût des médicaments est assez indolore pour les patients, d’où la faiblesse, voire l’absence de protestations quand le prix de ces derniers augmente », avance Jean-Pierre Thierry, conseiller médical France Assos Santé, une coalition regroupant 72 associations de patients. Les finances de la sécurité sociale, cependant, s’en ressentent (lire notre article « Le prix exorbitant de certains traitements menace l’universalité de notre modèle de santé »).

La responsabilité de l’État

Beaucoup pointent la part de responsabilité des pouvoirs publics dans cette situation. « Logiquement, une association devrait vivre de ses adhésions. Cela ne serait pas absurde de réclamer 15 euros d’inscription par an. Par ailleurs, l’Agence nationale de sécurité du médicament pourrait abonder les associations de patients en fonction de leur nombre d’adhérents pour leur permettre de s’émanciper des laboratoires. D’autant que, plus elles sont financées par l’industrie pharmaceutique, plus elles sont médiatiques », suggère ainsi Dominique Dupagne, médecin généraliste et chroniqueur sur France Inter.

« L’État n’a qu’à créer davantage de centres de recherche publique. »

Même critique en ce qui concerne le manque d’investissement public dans la recherche scientifique sur les nouveaux traitements. « Les labos, c’est sûr, ont parfois des comportements inadmissibles. Mais l’État n’a qu’à créer davantage de centres de recherche publique », plaide Pierre Guérin, président de Vaincre la mucoviscidose, partenaire historique du Téléthon. Malgré le retentissement médiatique de l’événement, les dons liés au Téléthon rapportent moins de 100 000 euros par an à Vaincre la mucoviscidose. Son budget annuel de 14 millions d’euros dépend à 95 % des dons, notamment ceux collectés lors des Virades de l’espoir. Les 5 % restants proviennent de subventions publiques locales. « Nous tenons à conserver notre indépendance », insiste Pierre Guérin, également ancien trésorier de l’association.

Quand les associations de malades se rebellent

Cette indépendance est sans doute ce qui a permis à ce groupe de défense des intérêts des patients de s’opposer au laboratoire américain Vertex en février 2018. Les autorités françaises ayant refusé d’accepter le prix demandé par la firme pour l’Orkambi, un de ses médicaments contre la mucoviscidose (13 000 euros par mois et par personne), Vertex avait menacé de cesser ses essais cliniques en France, sous prétexte que l’innovation n’y était pas suffisamment récompensée. Le labo avait alors tenté de rallier à sa cause les associations de malades, par définition toujours impatientes de voir arriver des nouveaux remèdes. Peine perdue. Vaincre la mucoviscidose et l’association Grégory Lemarchal (autre association mobilisée contre cette maladie) ont signé un communiqué de presse commun pour demander « au siège américain de Vertex Pharmaceuticals de reconsidérer sa position, d’honorer ses engagements auprès des centres de ressources et de compétences de la mucoviscidose et des patients concernant les essais cliniques prévus en 2018 et de poursuivre ses négociations de remboursement pour Orkambi® avec les autorités françaises afin de garantir aux patients un accès égalitaire à ce médicament ».

Vertex a tenté en vain de rallier à sa cause les associations de malades.

Pierre Guérin dénonce un « chantage à la mort » de la part de Vertex, d’autant plus regrettable que les effets espérés de cette tri-thérapie devraient être « révolutionnaires », selon ce père d’un jeune homme atteint de la mucoviscidose. Pour autant, les ponts ne sont pas coupés. « Nous sommes obligés de maintenir une relation avec le laboratoire, ajoute-t-il. Nous intervenons à l’occasion de réunions avec le ministère de la Santé pour décomposer le prix et pour guider Vertex dans l’obtention du prix du médicament. » Même son de cloche du côté de l’association Grégory Lemarchal : « Il n’y a pas d’opposition à ce jour entre notre association et le laboratoire Vertex, mais des discussions normales et des efforts de médiation entre ce laboratoire et les autorités françaises », nous a répondu le service de communication de l’association en refusant notre demande d’entretien. Quant à Vertex, il nous a indiqué ne pas pouvoir « communiquer sur le sujet pour l’instant », « compte tenu des discussions en cours avec les autorités compétentes ».

Arguments commerciaux

Vaincre la mucovisidose (Vertex) sur EurosForDocs.

Dans ce bras de fer, une association comme Vaincre la mucoviscidose est aussi en mesure d’utiliser des arguments commerciaux. « Nous avons des liens marchands avec les laboratoires. Nous leur fournissons des données scientifiques sur les malades qui leur servent de supports aux essais cliniques », indique son président. Ce qui explique les 175 liens d’intérêts enregistrés par les entreprises pharmaceutiques avec l’association depuis 2012, pour un montant total de 861 516 euros (ce qui place Vaincre la mucoviscidose dans le top 5 des associations les plus financées par l’industrie pharmaceutique), essentiellement en échange de prestations. Parmi les premiers clients de Vaincre la mucoviscidose, on trouve effectivement le laboratoire Vertex, qui lui a acheté pour 445 536 euros de données depuis 2012.

De quoi nuire à l’indépendance de l’association ? « Cela ne représente pas grand chose par rapport à notre budget annuel », se défend Pierre Guérin. Lors des Journées francophones de la mucoviscidose qui se sont tenues à Lyon du 5 au 7 avril dernier, « nous avons refusé que Vertex soit présent avec un stand. Il y avait 35 000 euros en jeu mais nous tenons à notre indépendance, sinon, nous ne sommes pas crédibles », insiste-t-il.

445 536 euros de données sur les malades achetées depuis 2012.

Les « ventes » de données au laboratoire américain ont d’ailleurs chuté à partir de 2017. Ce n’est pas le résultat d’une sanction économique de la part de Vertex, au contraire. Quand les relations ont commencé à se tendre, « à partir de fin 2017, le fait de ne pas fournir des données à Vortex a été un moyen de faire pression face à sa menace de chantage, car le laboratoire en a besoin », explique Pierre Guérin. En l’occurrence, c’est l’association qui a le pouvoir d’ouvrir ou de fermer le robinet des précieuses informations sur les malades. Selon Magali Leo, qui a été à la tête de la mission « Information et médicament » mise en place suite au scandale du Levothyrox, « cette affaire Vertex est révélatrice du déséquilibre de la négociation du prix du médicament. Mais elle montre aussi que les associations de patients peuvent être des alliés des pouvoirs publics face aux laboratoires. »

NOTES