Par Simon Gouin
Mis en ligne le 21 novembre 2018
Comme l’année dernière, Novartis, Roche et Gilead se partagent les trois premières places de notre classement des 10 laboratoires pharmaceutiques dont les médicaments sont les plus remboursés par l’assurance maladie. Ce classement est effectué à partir des 50 médicaments les plus onéreux pour notre système de santé, en 2017.
* Classement réalisé à partir des 50 produits les plus onéreux pour la sécurité sociale, en 2017.
Le suisse Novartis a reçu au moins un milliard d’euros de remboursement de la sécurité sociale française en 2017, grâce notamment au Lucentis (contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge), au Glivec, à l’Afinitor, au Gilenya (contre le cancer). Juste derrière, on trouve le laboratoire suisse Roche, avec 948 millions d’euros de médicaments remboursés parmi les 50 produits les plus onéreux. L’entreprise est elle-aussi très présente sur le marché des anticancéreux avec l’Avastin, le Mabthera ou l’Herceptin. Enfin, l’étasunien Gilead empoche 707 millions d’euros grâce principalement à ses produits phare contre l’hépatite C (Sovaldi, Harvoni, Epclusa) et contre le Sida (Truvada, Eviplera). Ces produits sont tous vendus à des prix unitaires extrêmement onéreux : un comprimé de 400 mg de Glivec, contre la leucémie, coûte par exemple 61 euros, soit environ 40 000 euros par an et par patient, ou plus de 20 000 euros par an. Le français Sanofi arrive à la cinquième position, avec 561 millions d’euros remboursés.
Les entreprises pharmaceutiques qui figurent parmi les plus avantagées en 2017 sont aussi celles qui dépensent le plus dans le lobbying. D’après les données que nous avons récoltées (lire notre enquête), Sanofi a versé environ 490 millions d’euros aux professionnels de santé depuis 2012. Novartis, qui arrive à la première place dans notre classement des laboratoires ayant eu le plus de remboursement en 2017, a dépensé 142 millions d’euros. Et Bayer, qui arrive à la 6ème position, 103 millions d’euros. Ces sommes sont distribuées aux médecins sous la forme de participation à des colloques, des déjeuners, des hébergements, etc. D’après nos calculs, les oncologues ont ainsi reçu en moyenne 12 989 euros par an, pendant six ans. Parallèlement, les médicaments contre le cancer sont les plus onéreux pour notre système de santé, et de nouveaux médicaments dits innovants font sans cesse leur apparition sur le marché.
La promotion de ces médicaments explique aussi le lobbying exercé par ces entreprises auprès des institutions et des parlementaires. D’après notre analyse des dépenses de lobbying (voir article complet), en 2017, les laboratoires pharmaceutiques et les organismes qui les représentent ont utilisé 8,4 millions d’euros pour tenter d’influencer les décideurs français.
On retrouve là aussi Sanofi, avec 430 000 d’euros, Bayer, avec 400 000 d’euros et Gilead, avec 300 000 d’euros. Même si ces chiffres sont partiels, ils expliquent en partie pourquoi certains laboratoires pharmaceutiques parviennent à se hisser parmi les laboratoires bénéficiant des plus importants remboursements en 2017 – et les plus profitables à l’échelle mondiale. Et pourquoi le prix de certains médicaments est parfois exorbitant : les dépenses de lobbying et de marketing sont forcément répercutées sur les prix demandés par les industriels pour commercialiser leur innovation.