Classes populaires - page 9

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DébatsChronique

« Hier encore on a fermé une usine, alors qu’en face on construit une prison »

Sorti il y a presque quinze ans, en 2003, La raison du plus fort aurait pu avoir été réalisé aujourd’hui. On ne ressort pas indemne de ce film documentaire dont le propos pourrait être résumé par la première phrase du synopsis : « Au lieu de combattre la pauvreté, on combat les pauvres. » Posant sa caméra de Bruxelles à Marseille, en passant par Amiens et Lyon, le réalisateur Patric Jean nous emmène d’une fermeture d’usine à une prison en passant par un tribunal et des quartiers populaires. C’est le cheminement d’un cercle infernal qui est dépeint à travers ce film que nous vous proposons en accès libre. Chronique par l’association Les Lucioles du Doc.

Par Les lucioles du doc

DémocratieDroites extrêmes

Pour lutter contre l’extrême-droite, « les syndicats doivent développer un travail de terrain et de proximité »

Au premier tour des élections présidentielles 2017, 41% des ouvriers qui ont voté l’ont fait pour Marine Le Pen, malgré les politiques anti-sociales menées par les élus du Front national, localement ou au Parlement européen. Au second tour, plus de la moitié d’entre eux ont encore choisi le FN, bien plus que l’ensemble des Français. Ceux et celles qui sont membres d’une organisation syndicale, ou qui s’en sentent proches, sont beaucoup moins perméables aux discours du FN que leurs collègues : seuls 13% d’entre eux ont voté pour Marine Le Pen au premier tour. Pour Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne Franche-Comté, et spécialiste du monde syndical, les organisations syndicales, malgré leur affaiblissement et leur professionnalisation qui les éloigne de la base, ont un rôle à jouer pour lutter contre le radicalisme du FN à condition qu’elles renouent avec le travail de terrain. Entretien.

Par Nolwenn Weiler

DémocratieNéo-colonialisme

Des massacres oubliés de mai 1967 en Guadeloupe aux prémices de l’ordre sécuritaire moderne dans les quartiers

C’est une commémoration méconnue : il y a 50 ans, les 26 et 27 mai 1967, la police et l’armée françaises réprimaient brutalement des manifestations ouvrières et lycéennes en Guadeloupe. Alors que Pointe-à-Pitre se révolte, les forces de l’ordre se livrent à un massacre qui fait au moins 8 morts selon les sources officielles. Des recherches approfondies démontrent qu’un modèle de contre-insurrection a été expérimenté sous l’autorité d’un préfet, Pierre Bolotte. Formé en Indochine puis en Algérie, il deviendra le premier préfet de la Seine-Saint-Denis et l’architecte d’une nouvelle forme de police, inspirée de ce modèle colonial et militaire. Enquête aux sources de l’ère sécuritaire.

Par Mathieu Rigouste

SociétéSanté

« Tuerie » pour animaux, souffrance des travailleurs : « Il faut briser l’omerta qui règne dans les abattoirs »

A quoi ressemble le quotidien des ouvriers qui travaillent dans des abattoirs industriels ? Le journaliste Geoffrey Le Guilcher s’est fait embaucher dans l’un d’entre eux, sous une fausse identité, en Bretagne. Pendant plus d’un mois, il y a découpé à la chaîne des vaches en une minute et partagé les souffrances physiques et psychiques des ouvriers. Il raconte son expérience de l’un des métiers les plus difficiles du monde industriel dans le livre « Steak machine ». Et révèle que les résistances à toute évolution, aussi bien pour la santé des salariés que pour celle des animaux, sont puissantes. Pour l’industrie, « le consommateur ne doit surtout pas faire de lien entre la vache et le steak qu’il a dans son assiette ». Entretien.

Par Nadia Djabali

Débats

De Babylone à Wall Street : la dette, une technique d’exploitation et d’oppression des classes populaires

Depuis 5 000 ans, les classes populaires tombent dans le cercle vicieux de l’endettement, qui permet de les asservir et les déposséder. Aujourd’hui, ce sont ainsi les étudiants qui s’endettent pour pouvoir faire des études. Depuis des millénaires, des insurrections populaires cherchent à combattre cette domination, et des gouvernants pratiquent des annulations générales de dettes, pour remettre les compteurs à zéro. Petit tour historique de cette exploitation par la dette, et des moyens d’y résister, par Eric Toussaint, porte-parle du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM).

Par Eric Toussaint

SociétéDiscriminations

« Gauche blanche », « racisés », « non concernés » : ces clivages qui agitent la lutte et les mouvements antiracistes

« Camp décolonial » pour débattre du racisme sans les « non concernés », « indigènes de la République » en quête d’autonomie face à la « gauche blanche » : autant de termes qui clivent fortement la lutte antiraciste. D’un côté, les mouvements historiques et institutionnels, LDH, Mrap ou SOS-Racisme, donnent à leur combat une portée universaliste. De l’autre, une nouvelle génération d’acteurs, plus radicaux, issus des groupes racisés et où se trouvent une grande partie de femmes. Les premiers reprochent aux seconds de tout ethniciser, les seconds les accusent de ne pas représenter celles et ceux qui subissent le racisme au quotidien. Pourquoi de telles divisions ? Peuvent-ils dépasser leurs divergences ? Basta! leur a posé la question.

Par Warda Mohamed

Débats

Tayeb, 49 ans : « Percevoir les quartiers populaires non comme des ennemis, mais comme des alliés de la démocratie »

Qu’est-ce qu’être de gauche selon vous ? Y a-t-il encore du sens à se dire de gauche ? Comment voit-on la gauche du futur ? Quelles sont ses valeurs, ses idées, ses projets, ses défis ? #imagineLaGauche, c’est la série lancée par Basta!, pour comprendre, reconstruire, rêver, renouveler, mettre en débat… Salariés, chômeurs, retraités, étudiants, paysans, militants associatifs, syndicalistes, artistes, chercheurs, jeunes et moins jeunes, témoignent. Aujourd’hui, Tayeb Cherfi, 49 ans, salarié de l’association toulousaine Tactikollectif, qui a par exemple vu naître le groupe Zebda.

Par Emmanuel Riondé