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15 ans et toujours confiant

Face à une actualité anxiogène, de plus en plus de personnes cessent de s’informer. Nous pouvons les comprendre. Au dérèglement climatique qui s’intensifie, aux situations de pauvreté qui ne rencontrent qu’indifférence, s’ajoutent des mouvements égoïstes et xénophobes qui prospèrent un peu partout. Des faiseurs d’outrances et de haine ont envahi l’espace médiatique, boostés par les algorithmes des plateformes ou par la quête d’audience de nombreux plateaux télés prêts à inviter n’importe qui racontera n’importe quoi.

Mais l’information peut et doit susciter autre chose que la crise d’angoisse ou la politique de l’autruche. C’est tout le sens du journalisme que nous pratiquons depuis 15 ans :

  • décrypter, pour rendre ce monde chaotique plus intelligible
  • résister, pour donner la force de refuser des injustices ou des choix politiques qui ne sont jamais des fatalités
  • inventer, pour faire entendre les voix du changement

L’urgence de certaines situations ne doit pas nous empêcher de réfléchir calmement. L’effroi de certains événements ne doit pas entamer notre bienveillance envers l’autre. L’impuissance individuelle face à d’immenses rouages ne doit pas masquer la capacité collective à bousculer radicalement les règles du jeu.

« Si le gouvernement le voulait, on pourrait commencer la transition agricole la semaine prochaine », nous confiait l’agronome Marc Dufumier. De la même façon, les violences policières, la dégradation des services publics, la pollution des cours d’eau ou la pénurie d’hébergement d’urgence qui jettent des enfants dehors en plein hiver sont des situations politiques qui peuvent tout à fait être renversées.

Les systèmes climatiques ont leur « point de bascule », les faits sociaux aussi.

Ce qui est perçu comme tolérable un jour peut ne plus l’être le lendemain. Regardons l’impact d’un phénomène comme Metoo. Les journalistes à l’origine des révélations sur Harvey Weinstein ne croyaient pas une seconde que cette énième alerte ferait avancer d’un pouce la question des violences sexistes et sexuelles, au-delà du cas du mis en cause (et même là, tous les doutes étaient permis). Et pourtant, cela a été un tsunami.

Voilà pourquoi nous enquêtons. Voilà pourquoi nous alertons. Pour approcher, chaque fois un peu plus, les sujets que nous traitons de leur point de bascule vers la justice et l’émancipation. Cela n’a évidemment du sens que si nous sommes lus et soutenus. Que si nous poussons ensemble dans le même sens. Alors rejoignez-nous en faisant un don aujourd’hui. Chaque geste pour défendre la presse indépendante a du sens.