Pharma Papers

Pour la première fois, un médecin qui n’a pas déclaré ses liens d’intérêts est sanctionné

Pharma Papers

par Rozenn Le Saint

C’est sans précédent : la chambre disciplinaire du Conseil de l’ordre des médecins a émis un avertissement à l’encontre d’un expert pour ne pas avoir mentionné ses liens d’intérêts avec les fabricants de vaccins lors de ses interventions dans les médias. Cet expert, le pédiatre Robert Cohen, qui coordonne le réseau Infovac, une association qui propose informations et conseils sur les vaccinations, avait ainsi omis avoir perçu de plusieurs laboratoires 57 730 euros depuis 2012. Ces laboratoires sont, en premier lieu, les producteurs de vaccins Pfizer, MSD, GSK et Sanofi, selon EurosForDocs, qui reprend les données de la base Transparence Santé.

D’après Euros For Docs, un résumé des avantages reçus par le docteur Robert Cohen.

Dans le cadre du débat sur l’élargissement de l’obligation vaccinale pour les bébés, Robert Cohen avait été interrogé par des radios nationales le 9 février 2017. Il doit alors commenter une décision du Conseil d’État sur laquelle le gouvernement s’est appuyée pour élargir l’obligation vaccinale. Le docteur aurait alors dû déclarer oralement ses liens d’intérêts, qui peuvent constituer des conflits d’intérêts.

Cette obligation prévue par le Code de santé publique est cependant peu respectée. Cela méritait donc bien un rappel. L’association E3M, qui alerte contre la dangerosité de l’aluminium utilisé comme adjuvant vaccinal – sans s’opposer au principe de vaccination –, a donc porté plainte auprès de la chambre disciplinaire du Conseil de l’ordre. Cette institution a émis une sanction. C’est inédit s’agissant de la non-déclaration de lien d’intérêts.

Des liens, « de nature à altérer son indépendance »

D’après cette décision [1] (consultable ici), les médecins qui « omettent » de mentionner aux journalistes les relations financières qu’ils entretiennent avec des laboratoires pharmaceutiques à propos de produits santés évoqués lors des interviews risquent un avertissement. C’est la sanction la plus légère que peut infliger la chambre disciplinaire (avant le blâme, l’interdiction d’exercice avec ou sans sursis et enfin, la radiation). Didier Lambert, président d’E3M, s’en félicite néanmoins car selon lui, « les liens entretenus par tout leader d’opinion avec l’industrie pharmaceutique sont de nature à altérer son indépendance et à influer sur son jugement ».

Rozenn Le Saint

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