Décroissance

Serge Latouche : « Nous devons sortir de la toxico-dépendance de la société de consommation »

Décroissance

par Agnès Rousseaux, Sophie Chapelle

En cette période de crise économique où beaucoup prophétisent impatiemment le « retour de la croissance », Serge Latouche défend à contre-courant une société de sobriété choisie. Ce professeur émérite de l’université Paris-Sud invite à contrer la propagande du marketing, pour inventer de nouveaux modes de vie. Pour lui, la crise doit être une occasion pour réinterroger les comportements individuels et collectifs, afin peut-être d’éviter à notre société le « crash ». Entretien avec l’un des plus fervents partisans de la théorie de la décroissance.

Pourquoi avoir choisi un mot « électrochoc » comme la décroissance ? En quoi cette notion diffère t-elle de l’idée de « croissance négative » ?

"La décroissance, c’est un slogan, pour signifier la nécessité de rompre avec la religion de la croissance. C’est un projet politique, celui d’une société de sobriété choisie, qui permettrait à la société d’éviter le grand crash".

Comment promouvoir l’idée d’une société de la décroissance auprès de gens subissant une pression énorme sur les salaires ? Auprès des syndicats ? Des pays du Sud ? Des sans-emplois ?

« On ne le leur demande pas de se serrer la ceinture, on demande un autre partage, ils ont tout à y gagner »

Vous comptez beaucoup sur la décolonisation de l’imaginaire et la pédagogie de la catastrophe, pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par là ?

« S’il y a une pédagogie qui accompagne les catastrophes, ce sont des occasions pour sortir de la toxico-dépendance vis-à-vis de la société de consommation »

A quel niveau agir ? Local, national, supranational ?

« Il y a un problème de passage de comportements individuels ou de groupe, à un niveau de logique de système »

Propos recueillis par Sophie Chapelle

Vidéo : Agnès Rousseaux