Expertises citoyennes

Climat : les scientifiques passent à l’action

Pour leur troisième publication commune, les Journalistes d’investigation sur l’écologie et le climat (Jiec) qui rassemblent les rédactions de Basta!, Mediapart, Politis, Reporterre et la Revue Projet ont voulu partir à la rencontre de scientifiques. Atelier d’écologie politique à Toulouse, Campus de la transition en Seine-et-Marne, multiplication des groupes d’experts régionaux pour suivre l’évolution du climat et faire avancer les politiques locales... Quelque chose est en train de changer.

Les fabricants de doute sont toujours à l’œuvre en matière de changements climatiques. L’idée selon laquelle « on n’y peut rien » continuant de justifier tous les comportements climaticides. Dans le combat contre l’inaction climatique, les scientifiques ont un rôle clé à jouer. L’exemple régulièrement cité est Hervé Le Treut, climatologue pionnier de l’étude d’impact sur un territoire : la Nouvelle-Aquitaine. Pour leur troisième publication commune [1], les journalistes du Jiec ont voulu partir à la rencontre de scientifiques qui, comme lui, se battent pour le climat et ont longtemps eu le sentiment de parler dans le désert.

Quelque chose est en train de changer. La démarche d’Hervé Le Treut essaime maintenant dans les régions Sud, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie pour organiser la résilience des territoires, explore Basta!. Ingénieur, cogérant du cabinet de conseil BL évolution et militant à Alternatiba, Charles-Adrien Louis réfute dans Reporterre le caractère liberticide de la transition écologique. Mais concilier la transition avec des impératifs de justice sociale et de développement économique est un défi. La Revue Projet s’est rendue au domaine de Forges (Seine-et-Marne) où le Campus de la transition, créé en 2018, développe des formations pour contribuer à penser et à faire advenir un monde désirable pour tous.

L’an dernier s’est également monté l’Atecopol, atelier d’écologie politique à Toulouse, raconte Mediapart. Une cinquantaine de chercheurs y réfléchissent à l’évolution de leur métier en cohérence avec un engagement écologiste, au partage de la science avec le citoyen, et aux moyens d’en finir avec le mythe technoscientifique. Le changement est palpable notamment chez les étudiants qui conjuguent anxiété et recherche de sens, témoigne dans Politis Luc Abbadie, écologue et directeur de l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris. Préserver la viabilité de la planète est devenu l’enjeu n° 1, défend-il. Certains étudiants comme Paul Clévy passent ainsi du « on ne va pas assez vite », au faire, avec une grande créativité et une grande détermination.

Aurore Chaillou (Revue Projet), Sophie Chapelle (Basta!), Vanina Delmas (Politis), Christophe Gueugneau (Mediapart), Ingrid Merckx (Politis), Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre)

Photo de Une : CC Kathy White/Photocrowd.com

Sommaire des articles :
 Basta! : Face à l’urgence climatique, des régions mobilisent leur communauté scientifique pour mieux « impliquer les élus »
 Politis : La nature est une science humaine par Ingrid Merckx et Le décalage entre dirigeants et écologues est immense par Vanina Delmas
 Mediapart : A Toulouse, des chercheurs sortent du labo pour le climat, par Christophe Gueugneau.
 Reporterre : Climat : rester sous la barre de 1,5 °C impose des choix radicaux sur la consommation, par Lorène Lavocat.
 La Revue Projet : Vivre et enseigner la transition : genèse d’un campus, par Aurore Chaillou.

A lire également sur le sujet :
 Pourquoi créer un collectif de journalistes sur le climat ?
 Des médias s’unissent pour documenter les effets du changement climatique en France : acte 2

Notes

[1Tous nos articles en lien sont à retrouver sur les sites et dans les pages de nos journaux ainsi que sur le site jiec.fr