Mobilisation

Victoire quasi définitive pour la préservation des jardins ouvriers d’Aubervilliers face à la bétonisation

Mobilisation

par Pierre Jequier-Zalc

Une décision de justice vient d’ordonner la suspension des travaux, qui détruisaient en partie les jardins cultivés par les habitants. Une victoire, après un an de mobilisation locale contre la bétonisation.

Début février, la cour administrative d’appel de Paris avait donné raison au collectif qui lutte pour la préservation des jardins ouvriers d’Aubervilliers, menacés de bétonisation. Le 9 mars, c’est le juge des référés qui est également allé dans leur sens : il a demandé la suspension immédiate des travaux. Une décision qui sonne comme une victoire presque définitive pour les militants. L’édification d’un centre nautique – avec bassin d’entraînement olympique en vue des JO 2024, un solarium et diverses autres activités – en lieu et place de parcelles cultivées par les habitants du quartier ne devrait donc pas avoir lieu. Dans un communiqué un peu alambiqué, ce 14 mars, Karine Franclet, la maire UDI d’Aubervilliers, et Mathieu Hanotin, le président PS de l’intercommunalité Plaine Commune, ont annoncé renoncer à tout ce qui n’est pas « en lien nécessaire avec les bassins olympiques ».

A priori, seul le projet de piscine, qui n’empiète que légèrement sur les jardins, est maintenu. Dans leur communiqué, les élus expliquent que l’avenir du projet de centre nautique fera l’objet « d’une communication ultérieure ». Cet abandon est une belle victoire pour les militants qui luttent depuis plus d’un an pour la préservation de ces jardins, et que basta! a suivi à plusieurs reprises. Il y a encore quelques semaines encore, cette victoire paraissait impensable tant les travaux semblaient définitivement lancés. Après avoir été occupée par plusieurs dizaines de militants et transformée en « JAD » (Jardins à défendre), une partie des jardins des Vertus avaient finalement été rasée en septembre 2021. Et ses défenseurs expulsés. Depuis, le ciment avait commencé à ensevelir les potagers.

« S’assurer que la décision rendant illégaux les travaux soit bien respectée »

La décision de la cour administrative d’appel de Paris, le 10 février dernier, a renversé le cours des choses. Les magistrats ont ordonné la modification du PLUi (plan local d’urbanisme) : les empiètements sur les jardins « ne doivent pas excéder les zones strictement nécessaires à l’implantation de la gare du Grand Paris Express et de la piscine olympique », notifiaient-ils. La partie des jardins qui devait accueillir d’autres types d’infrastructures, comme des bureaux ou des immeubles, était donc sanctuarisée. Restait en suspens la question du solarium, sujette à interprétation du fait de la notion de « strictement nécessaire ».

Marche locale pour le climat
Le 13 mars, lors de la marche pour le climat en Seine-Saint-Denis, devant le chantier détruisant une partie des jardins ouvriers d’Aubervilliers et protégé par les forces de l’ordre. Une décision de justice a ordonné l’arrêt des travaux.
© Anne Paq

Mathieu Hanotin, le président de Plaine Commune, avait alors assuré que la décision de justice n’avait « pas de conséquence immédiate sur la question des travaux » et qu’elle ne « remettait pas en cause le projet ». La décision en référé du 9 mars sur la suspension immédiate des travaux est venue infirmer ces affirmations. La loi oblige même les élus à remettre en état la zone détruite par le chantier.

« C’est une immense victoire pour le collectif de défense des jardins et les mobilisations écologistes ! », ont réagi les « jadistes ». Une marche locale pour le climat s’est déroulée le 13 mars, pour rappeler les enjeux inhérents au département de la Seine-Saint-Denis : une très forte bétonisation, absence d’espaces verts, un important taux de pauvreté, une concentration des passoires thermiques… Et de dénoncer les nombreux aménagements des Jeux olympiques et du Grand Paris qui, pour les militants, accentuent cet état de fait.

Dans ce contexte, la préservation d’un des très rares espaces verts d’Aubervilliers, qui plus est un lieu d’histoire et de patrimoine, résonne forcément comme une importante victoire. Les militants appellent cependant à rester prudents et mobilisés « dans les prochaines semaines et les prochains mois pour s’assurer que la décision rendant illégaux les travaux et la fin du solarium et des projets pharaoniques des JO 2024 soit bien respectée ».

Pierre Jequier-Zalc, avec Anne Paq (photos)