Liberté d’expression ?

Polices françaises et allemandes tentent d’entraver le tour d’Europe des alternatives

Liberté d’expression ?

par Sophie Chapelle

Le Tour Alternatiba, c’est un tour de France et d’Europe à vélo, pour promouvoir les alternatives écologiques et la transition énergétique dans l’espoir de limiter le réchauffement climatique. Un périple de 5 600 kms parti le 5 juin de Bayonne. Mais cette initiative ne semble pas plaire aux polices française et allemande qui ont tenté de bloquer les cyclistes. Pour cause de dopage ? Pas vraiment...

Le 20 juillet, les membres du tour marquent une pause devant la centrale nucléaire de Fessenheim. Rien d’interdit jusque-là dans un État de droit... Devant plusieurs médias et caméras, un porte-parole déplore que les milliards engloutis dans la filière nucléaire ne soient pas plutôt investis dans les politiques de sobriété énergétique, comme l’isolation des logements ou le développement des transports collectifs de proximité.

Le porte-parole d’Alternatiba dénonce également la fermeture de Nexcis, une filiale d’EDF à Aix-en-Provence, qui fabrique des vitres à la fois isolantes et productrices d’énergie solaire (notre enquête). Un exemple qui montre bien, pour les organisateurs d’Alternatiba, « que les investissements actuels tournent le dos aux économies d’énergies et aux énergies renouvelables, grâce auxquelles beaucoup plus d’emplois pourraient être créés, répartis sur tout le territoire français, qu’avec les énergies fossiles ou nucléaire ».

Une première opération de fichage depuis le départ du Tour

Les cyclistes reprennent ensuite la route et font une pause repas dans une ferme coopérative et alternative à Tunsel, en Allemagne. C’est là que la situation se complique avec l’arrivée de sept véhicules de police sur les lieux. « Ils ont annoncé aux cyclistes que la France avait demandé au procureur de Freibourg de contrôler l’identité de tous les cyclistes présents, et qu’en cas de refus de leur part, il convenait de bloquer le Tour », relate le communiqué d’Alternatiba. Malgré les protestations, les cyclistes, bloqués par les policiers, déclinent finalement leur identité pour ne pas mettre en retard le périple, expliquent-ils.

« Cette histoire est tout simplement surréaliste, dénoncent les organisateurs. En plein année de la COP21, la France demande à un pays étranger de bloquer le passage d’une mobilisation climatique à la fois 100 % citoyenne, entièrement pacifique et particulièrement constructive. La liberté d’expression connaitrait-elle des limites en France dès lors qu’on évoque la question du nucléaire ? ». Les cyclistes fichés étudient les possibilités de déposer une plainte contre l’intervention de la police allemande. Il s’agit également pour eux de savoir qui a fait cette demande auprès du procureur de Fribourg, et avec quelle motivation.

Ironie de l’histoire, dans une lettre officielle du 10 juillet, la ministre de l’écologie Ségolène Royal vient d’attribuer le label COP21 [1] au Tour Alternatiba. En dépit de ces déboires, la mobilisation se poursuit avec déjà, au compteur de ces cyclistes militants, plus de 2 300 kms. Au terme de ces 35 premières journées, le tour Alternatiba a participé à des dizaines de conférences publiques, de manifestations à vélos, plusieurs concerts et villages associatifs, ainsi que d’innombrables rencontres avec les collectifs, associations et élus locaux. Il leur reste un peu plus de 3 000 kms à parcourir avant d’atteindre Paris le 26 septembre prochain.

Tous nos articles sur la dynamique Alternatiba à retrouver ici.

Notes

[1Le label COP21 consiste en la reconnaissance gouvernementale des projets de mobilisation climatique d’intérêt général.