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Réforme des retraites : guide d’auto-défense imagé pour ne pas être obligé de trimer jusqu’à 65 ans

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par Anaïs Henneguelle, Anne Paq

Que rétorquer à votre oncle qui prétend que la réforme des retraites « ça fait les pieds aux fonctionnaires » ? Ou à la cousine qui assure que c’est le seul moyen de sauver un système des retraites équitable ? L’économiste Anaïs Henneguelle déconstruit « onze idées reçues » sur la réforme des retraites. Un guide illustré par les photos d’Anne Paq.

Il ne l’a pas encore annoncé officiellement. Mais s’il est réélu, Emmanuel Macron envisage, selon plusieurs sources, de décaler l’âge de départ à la retraite de 3 ans, soit un départ, sans perte de pensions, à 65 ans au lieu de 62 ans. Voici comment contrer dix idées reçues sur cette réforme, à nouveau d’actualité si LREM obtient une majorité lors des prochaines élections législatives.


Idée reçue n°1 : « Il n’y a pas de perdants à la réforme »
Idée reçue n°2 : « Le système n’est pas viable financièrement : il faut réformer »
Idée reçue n°3 : « L’espérance de vie augmente et il faut en profiter »
Idée reçue n°4 : « Il faut limiter la part des retraites dans le PIB à 14% »
Idée reçue n°5 : « On conserve un système par répartition »
Idée reçue n°6 : « Il faut en finir avec les régimes spéciaux »
Idée reçue n°7 : « La réforme permet de protéger les droits des plus faibles »
Idée reçue n°8 : « Le nouveau système bénéficiera aux femmes et aux familles » ?
Idée reçue n° 9 :« Les hauts salaires contribuent plus dans le nouveau système »
Idée reçue n°10 : « Le nouveau système sera plus lisible »
Idée reçue n°11 : « Le Président a annoncé cette réforme durant sa campagne présidentielle »

Idée reçue n° 1 : « Il n’y a pas de perdants à la réforme »

Faux : toutes les pensions vont baisser, dans le public comme dans le privé, car l’ensemble de la carrière sera désormais prise en compte pour calculer le montant de la pension de retraite.

Avec le nouveau système universel à points, la référence aux 25 meilleures années (pour les salariés du privé) et aux 6 derniers mois (pour les fonctionnaires) disparaît. On voit mal comment le niveau des pensions pourraient ne pas baisser si on prend en compte dans leur calcul les années les moins bonnes qui ne sont pas prises en compte actuellement pour les salariés du privé, et tous les autres trimestres des fonctionnaires (qui sont mieux payés en fin de carrière).

Concrètement, cela signifie des baisses de pension importantes puisqu’on prendra aussi en compte les mauvaises années, les années où on a été mal payé (donc où on n’a pas accumulé beaucoup de points), les années au chômage, etc.

Avec l’introduction d’un âge pivot à 64 ans, les salariés du public comme du privé y perdent aussi car tout le monde va devoir travailler plus pour ne pas subir une décote de sa pension.

Les fonctionnaires à faible niveau de primes vont particulièrement y perdre. Dans la fonction publique, la retraite est actuellement de 75 % du dernier traitement indiciaire, mais ne tient pas compte des primes. Un calcul sur l’ensemble de la carrière, primes comprises, aura obligatoirement un effet négatif très fort sur les fonctionnaires avec peu de primes, en particulier les enseignants (9 % en moyenne), les infirmières, les aides-soignantes.
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 Lire aussi : « Avec la réforme, les retraites de demain ne seront pas suffisantes pour maintenir son niveau de vie »

Idée reçue n°2 : « Le système n’est pas viable financièrement : il faut réformer »

Faux : le système est tout à fait soutenable à moyen terme. Quand le gouvernement mentionne que le système de retraites actuel n’est pas viable, il oublie de mentionner que les réserves de l’ensemble des régimes de retraite actuels s’élèvent à 127 milliards d’euros. Cela signifie que le système de retraite pourrait être en déficit à partir de 2025 (date de l’entrée en vigueur prévue de la réforme), mais qu’il possède des réserves de l’ordre de 127 milliards d’euros en parallèle. Or, ces réserves sont justement supposées servir à financer d’éventuels déséquilibres... ce qui rend le système tout à fait soutenable à moyen terme.

Si déficit annoncé il y a, c’est à cause de la baisse des ressources et non à cause de la hausse incontrôlée des dépenses. Pourquoi cette diminution des ressources ?

 Parce que les exonérations de cotisations sociales non compensées diminuent les ressources de l’assurance retraite (tout comme la baisse non compensée de la CSG). En 2018, l’État a décidé de ne plus compenser les allègements et exonérations de cotisations sociales aux caisses de la Sécurité sociale. Cette absence de compensation pèse lourd sur le budget de la protection sociale (et donc aussi de l’assurance retraites).

 Parce qu’il y a une politique d’austérité salariale dans la fonction publique. Or, l’employeur public cotise plus que les employeurs privés et cette baisse a un effet direct sur les ressources de l’assurance retraite.

Si le déficit se creuse, ce n’est pas parce que les dépenses sont « hors de contrôle », mais parce que les recettes diminuent. On peut dire que ce déficit est créé de toute pièce... Le gouvernement joue le jeu de la « politique des caisses vides » : cette stratégie consiste à générer d’abord un déficit pour ensuite justifier politiquement une réforme impopulaire, au nom de la « bonne gestion ». Cette stratégie a été mise en place pour réformer de nombreux services publics : la Sécurité sociale dans son ensemble, mais aussi les hôpitaux ou la SNCF par exemple.

 Lire aussi : Non, le déficit du régime des retraites par répartition n’est pas alarmant

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Idée reçue n°3 : « L’espérance de vie augmente et il faut en profiter »

L’espérance de vie en bonne santé est inférieure ou égale à l’âge pivot promis. En France, en 2018, l’espérance de vie à la naissance est aujourd’hui de 85,3 ans pour les femmes et de 79,4 ans pour les hommes. Ces chiffres sont plutôt stables pour les femmes depuis 2010 et stagnent chez les hommes depuis 2014 : l’espérance de vie n’augmente pas mécaniquement chaque année. Si on regarde à présent l’espérance de vie en bonne santé, en 2018, en France, on obtient un chiffre de 64,1 ans pour les femmes et de 62,7 ans pour les hommes. Ces deux chiffres se situent juste au niveau, ou un peu ou en-dessous, de l’âge pivot voulu par le gouvernement. Cela signifie qu’on a toutes les chances d’arriver à la retraite en mauvaise santé, et donc de ne pas pouvoir en profiter...

L’espérance de vie est également très disparate selon la catégorie socio-professionnelle. Un ouvrier vit 6,4 ans de moins qu’un cadre en moyenne. Pour les femmes, cet écart n’est « que » de 3,2 années. On peut aussi noter que, pour les hommes, les 5 % les plus riches vivent en moyenne 13 ans de plus que les 5 % les plus pauvres. Chez les femmes, cet écart n’est « que » de huit ans. Or, la réforme annoncée ne prend pas en compte ces différences sociales dans l’espérance de vie. Pour les pauvres ou les ouvriers, c’est la triple peine : non seulement ils gagnent moins tout au long de leur vie, mais en plus ils touchent une pension de retraite plus faible et pendant moins longtemps que les autres. À l’inverse, les personnes aux revenus les plus élevés raflent la mise : rémunérations plus hautes tout au long de la vie, pensions plus élevés pour beaucoup plus longtemps.

On entend souvent aussi dire qu’il faut réformer car le ratio actifs / retraités se dégrade au fil des ans (on passe de 4 actifs pour un retraité en 1950 à 1,7 actifs pour un retraité aujourd’hui). Mais en quoi est-ce qu’une réforme changerait ce ratio ? La situation sera exactement la même après la réforme annoncée... À ce niveau, la variable sur laquelle il faudrait agir serait plutôt le taux d’emploi (et non l’âge d’ouverture des droits ou le calcul des futures pensions).

 Lire aussi (archive) : L’âge de la retraite va passer à 63 ans alors que le chômage de longue durée s’aggrave pour les « seniors »

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Idée reçue n°4 : « Il faut limiter la part des retraites dans le PIB à 14% »

Les membres du gouvernement ont affirmé à de nombreuses reprises qu’un des objectifs de la réforme était également de sanctuariser la part des retraites dans le PIB à 14 %, soit la proportion actuelle, pour des raisons de « sérieux budgétaires ».

Mais ce chiffre de 14 % est un totem, qui n’a pas de fondement économique. Pourquoi 14 % et pas plus ou moins ? Aucune justification n’est jamais apportée (hormis le chiffre de la part actuelle des dépenses dans le PIB). En creux, on peut comprendre que cette proportion serait optimale... sans en avoir aucune preuve ! Cet objectif semble avant tout idéologique.

Ce chiffre de 14 % s’oppose nettement à l’idée selon laquelle « il n’y aura pas de perdants ». En effet, sachant que le nombre de personnes de plus de 65 ans va augmenter de plus de 6 millions d’ici 30 ans, cet objectif organise l’appauvrissement relatif des retraités. Comment alors croire le gouvernement lorsqu’il affirme « ne pas vouloir diminuer les pensions », ce qui serait son « engagement vis-à-vis des Français » ? C’est en fait un blocage très clair du montant des dépenses de l’assurance retraite : concrètement, on va partager le même gâteau entre beaucoup plus de personnes. .

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Idée reçue n°5 : « On conserve un système par répartition »

La baisse future des pensions va favoriser les retraites par capitalisation. D’accord, on conserve effectivement une part de système par répartition, mais cette réforme fragilise en grande partie ce système. En effet, avec la baisse future des pensions, il y a fort à parier que celles et ceux qui le peuvent vont se tourner vers des mécanismes complémentaires de retraite en épargnant de l’argent au fur et à mesure de leur carrière. L’incitation à la capitalisation via la baisse des pensions est claire !

Un système par répartition repose sur une forte solidarité entre les générations. Or, la réforme actuelle brise ce type de solidarité intergénérationnelle en distinguant trois groupes, ceux nés avant 1975 (pas affectés par le nouveau système, mais qui le seront par l’introduction rapide d’une décote pour un départ à 62 ans), ceux nés entre 1975 et 2004 (affectés par le nouveau système pour la partie de leur carrière qui a lieu après 2025) et ceux nés après 2004 (entièrement affectés par le nouveau système). On monte ainsi les catégories de Français les uns contre les autres.

L’objectif inavoué de la réforme est clair : le passage progressif à un régime par capitalisation, en diminuant progressivement les pensions, ce qui incite les Français à y avoir recours pour compenser. Comment en effet ne pas le penser lorsqu’on lit par exemple que « plusieurs géants américains se positionnent sur les opportunités offertes par la réforme des retraites » (dont la très puissante société de « gestion d’actifs » BlackRock) ? Comment ne pas le penser non plus lorsqu’on découvre les (nombreux) liens du Haut Commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, avec le monde de l’assurance ?

 Lire aussi : Fonds de pension : l’avenir de nos retraites se jouera-t-il bientôt sur les marchés boursiers ?

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Idée reçue n°6 : « Il faut en finir avec les régimes spéciaux »

Mettre l’accent sur la fin des régimes spéciaux permet au gouvernement d’avoir des éléments de langage pour justifier sa réforme : il s’agirait avant tout de « rétablir l’égalité » entre tous les régimes. Mais les régimes spéciaux sont très minoritaires. Il y a quatre blocs de régimes de sécurité sociale : le régime général (qui couvre 80 % des travailleurs), le régime agricole, le régime des non salariés non agricoles, et enfin le bloc des régimes spéciaux. Ces régimes sont « spéciaux » car ils fonctionnent sur la base d’une solidarité restreinte à une profession (comme pour les marins, les militaires, les avocats) ou à une entreprise (comme pour la SNCF ou la RATP). Ils sont généralement antérieurs à la création de la sécurité sociale. Chaque régime spécial est soumis à ses règles propres de cotisation et de calcul des pensions.

Les régimes spéciaux concernaient environ un million de bénéficiaires sur les 17,2 millions de retraités que comptait la France au 1er décembre 2017, soit environ 6 % des retraités. Cela représente donc une petite minorité. De plus, beaucoup d’entre eux vont disparaître d’eux-mêmes car la profession qu’ils représentent n’existe plus. C’est le cas par exemple des personnels de l’ex-SEITA (régie publique des tabacs).

Les régimes spéciaux ont un problème de financement lié à la démographie : le nombre de bénéficiaires est supérieur au nombre de cotisants. Par exemple, le régime spécial de la SNCF compte 144 000 cotisants environ pour 258 000 bénéficiaires, soit presque 1 actif pour 2 retraités... Mais inclure tous ces régimes dans un « régime universel » ne réglera pas le problème du déficit puisque ce dernier est structurel (il est démographique). Donc affirmer que la suppression des régimes spéciaux résout le problème budgétaire, c’est de la poudre de perlin-points-points...

 Lire aussi : Billets gratuits à volonté, retraite à 52 ans, faible productivité : ces clichés qui abîment l’image des cheminots

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Idée reçue n°7 : « La réforme permet de protéger les droits des plus faibles »

La pension minimale annoncée se trouve en-dessous du seuil de pauvreté, qui et de 1041 euros nets par mois pour une personne seule. « La conquête sociale » promise par le gouvernement revient donc à instaurer une retraite minimale inférieure au taux de pauvreté actuel. De plus, la pension minimale annoncée sera réservée aux carrières complètes.

Certes, avec le système actuel, plus d’un tiers des retraités touchent moins de 1000 euros par mois et ce n’est pas normal (cette situation concerne plus les femmes que les hommes). Néanmoins, le gouvernement précise bien que sa « conquête sociale » des 1000 euros nets par mois sera réservée aux carrières complètes de 43 années, à l’âge de 64 ans... Or, parmi celles et ceux qui touchent moins de 1000 euros par mois aujourd’hui, la moitié environ n’a pas eu une carrière complète et n’est donc pas concernée par l’annonce d’Édouard Philippe.

Beaucoup de femmes ou d’agriculteurs, qui ont eu des revenus faibles et variables au cours de leur carrière, seront exclus de la mesure. Enfin, cette promesse de retraite minimum à 1000 euros avait été inscrite dans la loi de 2003 et n’a jamais été respectée.

 Lire aussi : Les promesses jamais tenues de Delevoye et du gouvernement en faveur de la retraite des agriculteurs

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Idée reçue n°8 : « Le nouveau système bénéficiera aux femmes et aux familles »

Pour Édouard Philippe, « les grandes gagnantes de la réforme, ce sont les femmes » : des points supplémentaires seront accordés pour chaque enfant, et ce dès le 1er enfant (ces points seront, sauf choix contraire des parents, attribués à la mère). Dans le système actuel, il y a une majoration de 10 % mais seulement à partir du 3e enfant.

Édouard Philippe s’attarde sur des mesures techniques mais semble oublier qu’en calculant le montant de la pension de retraite sur l’ensemble de la carrière (et non plus sur les 25 dernières années pour les salariés du privé, ou sur les 6 derniers mois pour les fonctionnaires), de nombreuses femmes seront pénalisées car elles ont des carrières plus souvent hachées, interrompues, précaires ou à temps partiel que les hommes.

Édouard Philippe semble également oublier que ce ne sont pas du tout les femmes qui profitent de ces quelques mesures, ce sont les mères ! Les femmes sans enfants ne sont nullement concernées.

Les hommes risquent de beaucoup plus bénéficier des mesures annoncées. Comme la majoration est exprimée en pourcentage et non en montant absolu de points, il sera beaucoup plus rentable pour beaucoup de couples hétérosexuels de faire bénéficier l’homme de cette majoration... puisque c’est l’homme qui gagne en moyenne plus que la femme. Les deux conjoints auront donc intérêt à s’entendre pour attribuer cette majoration au conjoint homme pour augmenter plus sa pension à lui. Ce système incitatif est donc mal configuré : les femmes risquent encore d’y perdre en cas de séparation avec leurs conjoints et d’être ainsi précarisées.

 Lire aussi : Les femmes seront encore les grandes perdantes de la réforme des retraites

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Idée reçue n°9 : « Les hauts salaires contribuent plus dans le nouveau système »

En écoutant le gouvernement, on a l’impression que les plus riches, sur leurs revenus supérieurs à 120 000 euros bruts annuels, vont payer plus de cotisations que sur les 120 000 premiers euros. Or, c’est justement le contraire ! Les cotisations seront de 28 % sur les 120 000 premiers euros (comme pour tous les travailleurs : c’est le taux unique annoncé dans le rapport Delevoye) et de 2,8 % pour tous les revenus suivants. En clair, au-delà de 120 000 euros bruts par an (soit 10 000 par mois), les plus riches paieront moins de cotisations que les autres travailleurs. Certes, ils n’ouvriront pas de droits supplémentaires, mais ils pourront utiliser cet argent non utilisé par le système de retraites pour épargner... et s’ouvrir des droits à la retraite par capitalisation !

Dans le système actuel, un tel système de plafond existe déjà, mais il est bien plus haut : les cotisations sociales sont obligatoires jusqu’à 27 000 euros bruts environ. Donc, pendant plusieurs décennies (le temps que les générations nées avant 1975, donc concernées uniquement par le système actuel, finissent d’écluser leurs droits), il faudra continuer à payer malgré tout des pensions très élevées à certaines personnes (puisqu’elles ont beaucoup cotisé, jusqu’à 27 000 euros bruts environ), sans plus percevoir de très hautes cotisations (puisqu’on ne percevra plus les cotisations sur les salaires compris entre 10 et 27 000 euros…).

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Idée reçue n°10 : « Le nouveau système sera plus lisible »

Dans son allocution, Édouard Philippe a distingué trois catégories de travailleurs :
 Ceux nés à partir de 2004, qui intégreront directement le nouveau système.
 Ceux qui sont nés avant 1975, qui auront donc plus de 50 ans en 2025, ne sont pas du tout affectés par cette nouvelle réforme (hormis avec l’instauration rapide de l’âge pivot).
 Ceux qui sont nés après 1975 mais avant 2004 : seule la partie de carrière effectuée après 2025 sera concernée par les nouvelles règles.

Question : comment calculera-t-on la retraite de celles et ceux du « milieu », nés entre 1975 et 2004 ? Pour la première partie de carrière, celle effectuée avant 2025, comment calculera-t-on la pension de retraite ? Pour les fonctionnaires, prendra-t-on en compte leurs six derniers mois de salaire avant 2025 (puisque cela correspond aux anciennes règles) ? Pour les agents du privé, prendra-t-on en compte leurs 25 meilleures années avant 2025 ? Ou bien prendra-t-on en compte ces 6 derniers mois/25 meilleures années sur l’ensemble de leurs carrières ? Ceux nés avant 1975 sont-ils concernés par l’âge pivot et donc par la décote avant 64 ans ? Bref, il manque beaucoup d’éléments... Aucun simulateur gouvernemental ne permet de calculer le montant des pensions futures.

Dans l’ancien système, à prestations définies, on peut avoir assez facilement une bonne estimation du montant de sa pension. Ce n’est plus le cas avec un système par points ! En effet, ce système est à cotisations définies et non à prestations définies. Le nombre de points chaque mois est calculé à partir de la part cotisée du salaire mensuel brut (28,31 % de celui-ci), qui doit être divisée par la valeur d’acquisition du point (1 point = 10 euros de cotisations pour le moment). Au moment du départ à la retraite, le montant de la pension annuelle dépendra de la somme des points acquis sur la carrière, mais aussi de la valeur de restitution du point (estimée pour le moment à 1 point = 0,55 euros) et de l’âge pivot (en-deçà duquel on subira une décote).

Finalement, le montant des futures pensions pourra évoluer dans le temps en fonction de trois paramètres : la valeur d’acquisition (ou d’achat) du point, la valeur de restitution (ou de service) du point, l’âge pivot. Ces trois paramètres pourront servir de variables d’ajustement en cas de conjoncture défavorable pour maintenir un système équilibré : il n’y a donc aucun moyen de connaître à l’avance avec certitude le montant de sa future pension.

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Idée reçue n°11 : « Le Président a annoncé cette réforme durant sa campagne présidentielle »

La réforme des retraites présentée n’est pas conforme au programme du candidat Emmanuel Macron. Dans son programme de campagne, il est écrit : « Nous ne toucherons pas à l’âge de départ à la retraite, ni au niveau des pensions. »

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Anaïs Henneguelle, maîtresse de conférences en économie à l’Université de Rennes 2, membre du collectif d’animation des Économistes Atterrés.

Photos : © Anne Paq

L’intégralité de ce guide avec les références est disponible ici.

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Mise à jour le 10 mars 2022.