Immigration

Les sans-papiers aussi attendent toujours le changement

Immigration

par Nolwenn Weiler

Il aura fallu 73 jours de grève de la faim pour que la préfecture du Nord daigne promettre un « examen bienveillant » des dossiers de régularisation de 161 sans-papiers lillois. Décidée au début du mois de novembre, une fois épuisés les autres modes d’action, la grève de la faim réunissait encore une quarantaine de personnes le 10 janvier. Âgés de 20 à 50 ans, les personnes grévistes (hommes et femmes) sont algériennes, marocaines, thaïlandaises ou guinéennes. Certains ont jeûné pendant plus de deux mois.

Expulsés d’une église au début du mois de décembre, les grévistes et leurs soutiens étaient installés depuis le 21 décembre sur le parvis de l’église Saint-Maurice, à Lille. Sous une tente, dans le froid, l’humidité et avec des conditions d’hygiène déplorables. Pour accentuer la pression, le gouvernement a été jusqu’à expulser deux Algériens en grève de la faim depuis 60 jours !

Parmi les associations qui soutiennent les personnes sans-papiers, à Lille et ailleurs en France, beaucoup attendent toujours le changement promis par François Hollande. Dans une lettre adressée à Manuel Valls le 10 janvier, la ligue des droits de l’homme (LDH) demande au ministre de l’intérieur de se démarquer de ses prédécesseurs de droite. « Si nous avons apprécié que votre ministère s’engage à mettre un terme à l’arbitraire des administrations préfectorales, nous sommes inquiets d’observer que la réalité est bien éloignée de cet objectif, parce que l’éloignement du territoire demeure encore et toujours la règle », déclare le président de la LDH, Pierre Tartakowky. Selon le ministère, il y a eu environ 35 000 expulsions en 2012, un record digne de Brice Hortefeux et de Claude Guéant.