« Vrai travail »

Pour qui votent les sympathisants des syndicats

« Vrai travail »

par Ivan du Roy

Sarkozy a fustigé les corps intermédiaires, dont les syndicats font partie. Le FN a dénoncé le « chaos » des grèves et « le sabotage de l’économie française » pendant le mouvement sur les retraites. Ces prises de position ont-elles eu un impact sur le vote des syndicalistes et de ceux qui s’en sentent proches ? Une enquête d’opinion livre quelques éléments.

Parmi les syndicats, c’est dans les rangs de Force ouvrière (FO) que l’on trouverait le plus d’électeurs de Marine Le Pen (25 %), selon une enquête réalisée en ligne par l’Institut Harris Interactive, pour Liaisons sociales, auprès des votants du 1er tour [1]. Viennent ensuite ceux qui ne se sentent proches d’aucun syndicat (qui ont voté à 22 % pour le Front national), puis l’Unsa, très présente dans la police, avec 16 % des votes en faveur de la candidate frontiste, et la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) avec 15 %.

Le syndicalisme, plutôt un antidote au vote FN

Les sympathisants de la CGT ne sont que 9 % à accorder leur voix au FN (12 % à la CFDT). L’affaire, très médiatisée, de Fabien Engelmann, ce syndicaliste CGT de Moselle, ancien militant d’extrême gauche, passé au FN, demeure donc un épiphénomène. Les tendances révélées par cette étude montre que la proximité syndicale constitue plutôt un antidote au vote Front national. FO mise à part, Marine Le Pen réalise des scores en dessous de sa moyenne nationale, et plutôt faibles parmi les deux grandes confédérations.

Les partisans de Nicolas Sarkoy sont proportionnellement les plus nombreux parmi les syndicats… patronaux (Medef et CGPME), qui le préfèrent à 74 %. Précisons que le Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale (Ceges), qui pèse 20 % chez les patrons aux élections prud’homales, n’est pas cité par l’étude. À l’inverse, le président sortant « n’obtient que 14 % des voix des personnes se déclarant proches d’un syndicat de salariés », commente l’Institut Harris Interactive. Chez les salariés, ce sont les cadres se déclarant proches de la CFE-CGC qui lui accordent majoritairement leur confiance (à 53 %), suivis par les syndicalistes de la CFTC, chez qui Sarkozy (42 %) devance largement François Bayrou (15 %). Apprécieront-ils la conception sarkozyste du « vrai travail » qui sera célébrée par l’UMP le 1er mai ?

À gauche, c’est sans surprise parmi les sympathisants de la CGT et de l’Union syndicale Solidaires que l’on trouve le plus d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon (39 %), le candidat du Front de gauche y rivalisant avec François Hollande. Le candidat socialiste est lui largement en tête à la CFDT (56 %), ainsi qu’à l’Unsa et à la FSU, et devance de justesse Marine Le Pen à FO. Le syndicat le plus imprégné des idées écologistes demeure l’Union syndicale Solidaires, où Eva Joly réalise son meilleur score (8 %).

Ivan du Roy

Photo : © Helowdy

Notes

[1Sondage réalisé en ligne auprès de 2 935 personnes inscrites sur les listes électorales. L’institut ne communique pas le nombre de personnes qui, parmi les interrogés, se sont déclarées proches d’un syndicat, ni, pour chaque syndicat, le nombre de répondants concernés. On ne sait pas par exemple combien de « proches de la CGT » ont répondu, si ce sont quelques dizaines de personnes ou plusieurs centaines (à consulter ici).