Santé

Nouvelle offensive de Xavier Bertrand contre la Sécurité sociale

Santé

par Mathieu Javaux

Le nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, n’a pas perdu la main. Le célèbre inventeur en 2005 de la vignette orange (les médicaments remboursés par la Sécurité sociale à 15%) a proposé le 7 décembre un décret qui vise à baisser de nouveau la prise en charge de certains médicaments : les médicaments à vignette bleue (« service médical rendu modéré ») de 35% à 25% et le remboursement des dispositifs médicaux (bandelettes de contrôle pour les diabétiques, compresses, matériel médical) de 60% à 50%.

Pourtant, le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale (PLFSS) de 2011 qui vient d’être voté par le Sénat prévoit déjà la baisse à 30% des vignettes bleues et à 60% des dispositifs médicaux. Une décision scandaleuse, car ces déremboursements sortent de la solidarité collective des prestations essentielles en les transférant vers les assureurs et mutuelles – qui trouveront là une justification supplémentaire à l’augmentation exponentielle de leurs cotisations. Le PLFSS n’est pas encore publié au Journal officiel que Xavier Bertrand, ancien agent d’assurance chez Axa, propose déjà un morceau de plus de la Sécurité sociale à son ancien employeur.

La Commission de réglementation de l’Assurance Maladie a rendu un avis négatif à la proposition du ministre, dénonçant « des économies à court terme ». Le Collectif interassociatif sur le Santé, l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et l’association des accidentés de la vie (FNATH) s’indignent de cette nouvelle tentative de hold-up. Ces organisations rappellent que 20% des Français ont reporté des soins pour raisons économiques en 2010, contre 11% en 2009. Elles demandent dans un communiqué que toute la politique de fixation des prix des médicaments soit repensée. Et surtout que ce soit le Parlement qui décide ce qui est admis au remboursement et selon quel taux.

Le zèle de Xavier Bertrand pour faire réaliser des économies à la Sécurité sociale semble très sélectif. En avril 2006, déjà ministre de la Santé, il avait choisi de ne pas dérembourser le Mediator (prescrit aux diabétiques puis aux personnes désireuses de perdre du poids, alors pris en charge à 65%) malgré une note de la Haute Autorité de Santé [1] pointant l’inefficacité et la dangerosité du médicament.

Notes

[1rendue publique le 1er décembre 2010 par le Canard Enchaîné