Mouvement social

Loi Travail : après les raffineries, les centrales nucléaires se mettent en grève

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par Agnès Rousseaux

Après les raffineries et les dépôts de carburants, les centrales nucléaires et l’électricité ? Les salariés de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, située dans l’Aube, viennent de voter la grève et l’arrêt de la production d’électricité, pour protester contre la loi Travail. La CGT a lancé un appel général à compliquer la production dans l’ensemble des centrales nucléaires, à partir de jeudi 26 mai. Avec FO, elle prévoit des blocages de certains sites, avec des baisses de production électrique, jusqu’à l’arrêt complet de certaines centrales. « Notre but n’est pas de faire tomber le réseau, mais on passe au cran supérieur », explique le secrétaire général du syndicat CGT-Energie de l’Aube, Arnaud Pacot, cité par Francetv info. Mardi 24 mai, des coupures de courant ont déjà eu lieu dans le plus grand centre commercial d’Europe, près de Marseille, ainsi que dans plusieurs quartiers de Nantes.

Dans les autres secteurs énergétiques, la mobilisation s’amplifie contre la loi Travail. La section CGT d’Elengy, filliale de Engie (ex GdF-Suez) a appelé à une grève reconductible du 24 au 26 mai. L’entreprise exploite trois des quatre terminaux méthaniers de France, par où transitent les stocks de gaz naturel. Du côté de l’industrie pétrolière, les huit raffineries françaises sont désormais bloquées (lire notre reportage à Donges). Conséquence : plus de 20% des stations-service sont en rupture de stock totale ou partielle sur le territoire national. La tension continue de monter, après l’intervention des forces de l’ordre mardi 24 mai pour débloquer les accès aux dépôts de Fos-sur-Mer et de Lorient. Suite au blocage des cinq raffineries opérées par Total, le groupe a annoncé vouloir « réviser sérieusement » les projets d’investissement pour tous ces sites : « Si nos collègues veulent prendre en otage, pour une cause qui est étrangère à l’entreprise, un outil industriel, il faut qu’on se pose la question de savoir si c’est là que nous devons investir », a menacé Patrick Pouyanné, son PDG. Le chantage à l’emploi pour répondre aux aspirations sociales...

Du côté des transports, le mouvement se poursuit également, passant au stade supérieur. A la SNCF, deux jours de grève sont prévus cette semaine – mercredi et jeudi. Les cheminots ont décidé de débrayer tous les jours à partir de juin, la CGT et Sud-Rail appelant à la grève reconductible. Dans le métro, la situation devrait également se compliquer début juin : au sein de la RATP, la CGT appelle à la grève illimitée à partir du 2 juin. Les syndicats de l’aviation civile prévoient également de stopper le travail les 3, 4 et 5 juin prochain.

Une huitième journée nationale d’action aura lieu ce jeudi 26 mai dans toute la France, à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL). Elle devrait être marquée par un arrêt d’activité dans la plupart des ports. La neuvième journée d’action est programmée le 14 juin, avec une manifestation nationale à Paris.

[Mise à jour le 25/05/16, 21 heures] : La grève a été votée dans les 19 centrales françaises, a annoncé la porte-parole de la Fédération de l’énergie et des mines de la CGT. Le syndicat précise qu’il s’agit d’une baisse de charges dans les réacteurs, mais pas d’arrêt complet. A la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), la plus puissante de France, qui emploie 1800 personnes, les syndicats ont annoncé un arrêt de la production et un blocage du site à partir de jeudi matin.

Photo : © Laurent Guizard / Basta!. Donges, mai 2016.

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