Renouveau politique ?

Les Pirates allemands en plein désenchantement

Renouveau politique ?

par Rachel Knaebel

« Auto-désenchanté », c’est le titre d’un article de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel cette semaine, au sujet du parti Pirate allemand. Pour le magazine, les Pirates plient sous l’effet de dissensions internes et d’un programme toujours en attente. Le dernier sondage d’opinion hebdomadaire Forsa leur donne en effet 5 % d’intentions de vote au niveau national. Ils étaient à 10 % en juillet, 13 % au printemps.

Depuis un an et demi, le parti a fait son entrée dans quatre parlements régionaux (qui détiennent de larges compétences dans un pays fédéral), à Berlin, en Sarre, en Rhénanie-du-Nord et en Schleswig-Holstein. Il y a encore quelques mois, les Pirates semblaient en bonne route pour débarquer au Bundestag en septembre 2013. Mais, depuis, rien ne va plus, rapporte Der Spiegel. L’un des chefs du parti, Johannes Ponader, fait la une des médias parce qu’il vit, en partie, de l’équivalent allemand du RSA (Hartz IV) et se fait masser les pieds dans une émission télé. L’autre chef, Bernd Schlömer (qui travaille pour le ministère de la Défense) lui conseille, dans la presse, de travailler un peu plus. « Les projets de vie et les convictions du personnel dirigeant du parti sont trop différents », estime le Spiegel [1].

Dans les parlements régionaux, les propositions de loi des groupes pirates restent souvent modestes (pour une élection directe des délégués de classe en Sarre, par exemple). Les nouveaux députés peinent à mettre en œuvre en interne les principes de démocratie participative qu’ils défendent. Le Spiegel prend l’exemple du logiciel de décision participative Liquid feedback, qui doit permettre aux militants de donner leur avis sur les choix de leurs députés pirates. Le groupe de Berlin l’utilise régulièrement, mais ceux de Sarre et de Schleswig-Holstein n’y ont pas encore recours. En Rhénanie-du-Nord, seulement 20 militants ont donné leur avis sur la réglementation de la circoncision, discutée en ce moment au Parlement allemand.

La première défaite des Pirates pourrait dans ce contexte arriver très vite, en janvier, où des élections régionales ont lieu en Basse-Saxe, dans le nord-ouest. Pour la première fois depuis un an et demi, le Parti pirate allemand pourrait sortir bredouille d’un scrutin.