Animaux transgéniques

Le saumon OGM autorisé pour la consommation humaine

Animaux transgéniques

par Agnès Rousseaux

La décision vient d’être prise par les autorités sanitaires des États-Unis : pour la première fois dans le monde, un animal transgénique est autorisé pour la consommation humaine. Le poisson OGM devrait donc débarquer prochainement sur les étals des supermarchés. Il s’agit d’un saumon transgénique de la marque AquAdvantage, modifié avec un gène d’un autre saumon pour grandir deux fois plus vite. Baptisé « Frankenfish » par ses détracteurs, il a été autorisé à la consommation humaine aux États-Unis par la Food and Drug Administration (FDA) le 19 novembre. La FDA a publié ses recommandations : « Après un examen scientifique exhaustif et rigoureux, la FDA est arrivée à la conclusion que le saumon AquAdvantage est aussi sûr pour la consommation que le saumon de l’Atlantique non-génétiquement modifié, et il est aussi nutritif. » Selon l’agence sanitaire, les gènes insérés dans l’ADN du poisson sont restés stables sur plusieurs générations, la modification génétique est sans danger pour le saumon lui-même, et le produit obtenu répond aux attentes en terme de croissance plus rapide.

Ce saumon est développé par AquaBounty Technologies, dont l’actionnaire principal est le groupe Intrexon, spécialiste de la biologie de synthèse. L’entreprise assure qu’il n’y aucun risque de dissémination dans la nature, car elle affirme ne produire que des saumons femelles, stérilisées. Une stérilisation qui ne serait efficace qu’à 99,8 %, admet cependant l’entreprise... Qui peut dire aujourd’hui que ces saumons d’élevage élevés dans des bassins, ne se retrouveront pas demain dans les mers où leur prolifération deviendra incontrôlable ? Une université canadienne a croisé ces saumons OGM avec des truites sauvages : 40 % des rejetons hybrides héritent du gène ajouté artificiellement – et ces hybrides grandissent encore plus vite que le saumon OGM ! Selon l’autorisation de la FDA, le saumon AquAdvantage ne pourra être élevé que dans deux installations, au Canada et à Panama.

Bientôt des porcs et poulets OGM ?

D’autres animaux génétiquement modifiés ont déjà été autorisés, mais pas pour la consommation humaine (lire notre enquête : Ces animaux mutants que la cuisine génétique vous prépare) : poissons d’aquarium, papillons, moustiques transgéniques pour lutter contre la dengue au Brésil, mouches OGM. Aux États-Unis, l’opposition est grande : la FDA a reçu plus de deux millions de messages lors des consultations dans le cadre de la procédure d’autorisation du saumon. Plusieurs États, comme la Californie ou l’Alaska, souhaitent l’interdire sur leur territoire. Des chaines de supermarchés sont opposées à sa commercialisation. L’étiquetage « OGM » de ce saumon ne sera pourtant pas obligatoire [1].

Au Canada, c’est un cochon génétiquement modifié avec un gène de souris, l’Enviropig™, qui attend son autorisation de mise sur le marché. Et les laboratoires de biotechnologies multiplient les expériences sur les poulets transgéniques, les chèvres avec un gène d’araignée, les lapins et autres poissons-zèbres fluorescents.

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