Pharma Papers

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Des liens d’intérêts enfin pris en compte par la Haute autorité de santé ?

La pression juridique du Formindep et d’Anticor a fini par payer. La plus haute autorité publique en matière de santé a supprimé de son site la fiche mémo sur les dyslipidémies (cholestérol, excès de triglycérides…). Une recommandation qui augmentait significativement le nombre de clients potentiels des fabricants de médicaments. La Haute autorité de la santé (HAS) a finalement décidé de l’abroger car elle « n’avait pas eu à l’époque connaissance de l’ensemble des liens d’intérêts de certains des experts », se justifie-t-elle dans un communiqué en date du 22 novembre.

Et pour cause. Le Formindep, association qui œuvre à une indépendance de la formation médicale, avait comparé les déclarations d’intérêts effectuées par les experts missionnés par la HAS avec celles déclarées à leur nom par les laboratoires sur la base Transparence santé. Et notamment par ceux qui produisent les fameux traitements recommandés par ces mêmes experts ! Plusieurs d’entre eux « avaient de nombreux conflits d’intérêts. Certains avaient pourtant signé des déclarations d’intérêts vierges », selon le Formindep. Dans un premier temps, la HAS avait refusé la demande de l’association en date du 1er juin 2018 d’invalider la fiche mémo : l’association avait alors déposé un recours en Conseil d’État le 31 août.

De l’utilité d’EurosForDocs : vérifier facilement les déclarations d’intérêts des experts

La HAS admet avoir revu sa position suite à ce recours. Entre temps, Anticor, dédié à la lutte contre la corruption, avait en parallèle déposé début octobre une plainte contre X ciblant ces mêmes spécialistes du cholestérol, pour les mêmes motifs (lire notre article). Le Formindep se félicite que la HAS « envisage d’utiliser enfin la base transparence.sante.gouv.fr pour vérifier les liens d’intérêts des experts qu’elle sollicite, ce qu’elle avait toujours refusé de faire » dans son communiqué en date du 23 novembre (à lire ici (PDF, 48 Ko)). Ce qui donne d’autant plus d’utilité à l’outil EurosForDocs, qui simplifie le traitement de ces données publiques.

« Néanmoins, les règles de gestion des conflits d’intérêts instaurées par la loi et reprises par la HAS sont floues et permettront toujours de faire travailler des leaders d’opinions sous influence et des sociétés savantes financées par les industries de santé », regrette le Formindep, qui appelle à l’organisation d’assises sur l’expertise sanitaire.