Solidarité de proximité : quand un inconnu vous offre une baguette - commentaires

Solidarité de proximité : quand un inconnu vous offre une baguette

Il y a ceux qui pensent que les autres feraient bien d'être généreux
Et il y a ceux qui sont généreux...
Offrir de la nourriture à qui que ce soit est un signe certain d'humanité, tout simplement !
Arrêtez de réfléchir, agissez, vite !!!!

Solidarité de proximité : quand un inconnu vous offre une baguette

Il est assez facile « d'obliger » les gens à l'échange... et si tout le monde sème des petites parcelles de cette obligation, elle se diffusera de plus en plus jusqu'à changer nos manières de penser...le café, la baguette et toutes ces initiatives en sont une partie visible...mais c'est surtout un état d'esprit qu'il faut transmettre...

Je m'explique avec un des exemples concrets qui me concerne :

En me promenant en vtt en forêt, loin de chez moi, je croise un autre vttiste qui lui est d'ici. On fait un bout de chemin ensemble et il me raconte la forêt...Il crève..... rien pour réparer...je lui file une mes chambres à air....
Il me donne rendez-vous pour une autre ballade ou,il me la rendra ( le lendemain) ou me porpose de faire un détour pour passer par chez lui me la rendre...
Je décline en lui répondant qu'il ne me doit rien... et je précise : « pense juste à rendre un jour un service équivalent à quelqu'un en lui précisant de faire de même »....
il m'a répondu
« P..... tu parles comme un grand homme.... »
Ouais....bon

C'est tout....
evidemment je ne suis pas là pour vérifier ( c'est ça qu'est dur hein ???)
Mais ce que je sais et ce dont je suis sûr :
c'est que le gars il a trouvé ce principe épatant...
Que je pratique cela dans tous les domaines très couramment..
Que ça marche bien
Que si nous le faisons un peu chacun, on essaime une nouvelle manière de faire et de penser... ce n'est plus un prêté pour un rendu...mais un échange circulaire qui a à voir avec le système du don et contre don des sociétés traditionnelles...
Ce faisant nous deviendrions tous « redevables » de notre entourage qui le serait aussi à notre égard.
La généralisation de cette manière de penser nous préserverait de tout risque d'être « comptable » des échanges que l'on nous doit...

Solidarité de proximité : quand un inconnu vous offre une baguette

Il faut avoir une fichue confiance en la « nature humaine » pour promouvoir et adhérer à une telle initiative et savoir aussi bien outrepasser les sentiments qu'on pourrait nourrir à son encontre.

J'ai toujours été sensible aux manifestations de solidarité et ému par ce qu'elles représentent. Militant, marxiste, depuis (presque) toujours, j'ai tout au long de ma vie pris part aux luttes aux côtés des exploités et des défavorisés. Une expérience extrêmement riche qui, l'âge et l'expérience venant, m'a laissé toutefois pas mal d'interrogations et, malheureusement, pas mal de doutes qui ont engendré et alimenté un pessimisme - sinon une misanthropie - dont je ne me serais naguère pas senti capable.

Pour en venir à l'article, autant je salue et soutiens ces initiatives et ceux qui s'y prêtent, autant, ayant trop vu à quel point profiter indûment de la bénévolence d'autrui est monnaie courante, j'ai du mal à ne pas en voir les pièges. En gros : comment être assuré que le geste que l'on fait ne va pas « profiter » à qui n'en n'a pas besoin aux dépens de quelqu'un qui en aurait véritablement besoin, surtout si l'on ne souhaite pas exercer de contrôle, première marche, dans bien des cas, du totalitarisme ?

Le prix, minime, de la baguette ou du taco, n'est pas la question, ni même l'éventuel sentiment de « se faire avoir » (quoique...). Je m'interroge surtout sur la légitimité et l'efficacité de la démarche. Et il me semble que ce type d'initiative passe à un moment ou un autre par une question de choix, et peut-être de choix idéologique.

Un site créé aux USA diffuse des posts faisant part d'initiatives de cet ordre. Une personne satisfaite de son déjeuner offre « clandestinement » son repas à son voisin de table ou double la note en pourboire... une autre a offert au client suivant à l'épicerie une partie de son ticket... Je ne peux m'empêcher d'y voir davantage un acte ludique, euphorique sinon auto-complaisant de personnes qui en ont les moyens qu'un acte de générosité. Personnellement, il m'arrive de donner mon ticket de parking sous-utilisé à la personne qui prend ma place, avec l'idée (et l'excuse) de plutôt en faire profiter un individu que la société propriétaire du parcmètre, sans demander son CV... et cela ne me laisse pas sans question.

La question est de savoir si le but, en se prêtant à l'opération, est de venir véritablement en aide à autrui ou de se procurer une certaine satisfaction. De l'autre côté, je me demande jusqu'à quel point on peut souhaiter ne pas profiter de « l'aubaine » et « céder sa place » à moins fortuné, comme on cède sa place dans l'autobus. L'idée que « si je n'en profite pas, quelqu'un qui n'en aura pas davantage besoin en profitera alors pourquoi pas moi ? » circule dans tant de têtes ! Et ce, à tous les niveaux : j'ai quelque temps bénéficié des aides des Restos du coeur, et j'ai pu voir qu'aussi bien la solidarité entre personnes de même mauvaise condition avait ses limites. Tricherie pour obtenir les tickets d'ordre, accumulation abusive de denrées allant jusqu'au gâchis, envie, hostilité, conduisant souvent au racisme... Je ne juge pas (je dirais même que je comprends) cette attitude de la part de personnes par ailleurs sympathiques et conviviales et ne veux surtout pas introduire de valeur morale dans ce constat. Mais comment croire complètement, dans tout ça, à cette initiative ?

Peut-elle être promue au bénéfice exclusif de la solidarité et dans ce cas, comment cette solidarité peut-elle s'exercer afin d'être efficace ? A-t-elle seulement une dimension « éducative » ou cette dimension est-elle laissée au hasard ? J'en tire, pour ma part, une constatation qui me rendrait presque optimiste : le sentiment qu'on ne peut pas ne pas faire quelque chose est par le monde dans l'esprit de beaucoup de nos semblables. Mais restent les questions. Et j'aimerais en détenir les réponses.