Bar coopératif à Rennes

Soif de convivialité

Bar coopératif à Rennes

par Nolwenn Weiler

C’est un bar où l’on sert du café zapatiste entre deux assemblées générales, où l’on petit-déjeune bio, et où les serveurs n’hésitent pas à fermer boutique pour soutenir le mouvement social. Bref, le lieu idéal pour boire une bière et refaire le monde. Un petit coin de détente au milieu de la tourmente.

Le 29 janvier dernier, la vitrine de la Vie enchantiée, un bar rennais posé sur les quais en septembre 2008, affichait « En grève ». Habitués à ouvrir à 11h00, les salariés avaient tiré le rideau pour rejoindre la grande manifestation d’opposition à la politique du gouvernement. A leur retour, vers 13h30, une file de manifestants les attendait sur le pas de la porte, tous en quête d’un endroit pour leur pause déjeuner. « Ce midi là, c’était plein, sourit Yoann, l’un des quatre salariés de la Vie enchantiée. Les gens étaient là avec leurs pancartes, et qui refaisaient le monde en buvant un coup. Il y avait des gamins qui jouaient... C’était vraiment sympa. » Cela ressemble en tout cas à ce que lui et ses trois compères imaginaient quand ils ont décidé de créer leur Bar Scop, pour Société coopérative (ouvrière) de production, il y a environ un an.

Lancée lors d’une soirée bien arrosée, l’idée s’est finalement révélée sérieuse, et séduisante, même à jeun. Âgés d’une trentaine d’années, Yoann, Damien, Olivier et Aurélien avaient, à eux quatre, de l’expérience dans le monde associatif, le commerce équitable et la solidarité. Ils se sont lancés dans les blondes pression et les percolateurs. « On ne voulait pas faire un simple bar, poursuit Yoann. Nous voulions créer un véritable espace de rencontre, un endroit convivial, où les gens et les associations puissent se réunir et s’exprimer. »

Echanges, convivialité et liberté

C’est le statut Scop qui a été retenu. « Le principe nous plaisait », explique simplement Damien. « L’entreprise est autogérée par les salariés qui sont les premiers à profiter des éventuels bénéfices réalisés. » Une démarche rare par les temps qui courent ! Les quatre associés détiennent 25% chacun du capital, soit 2500 euros par personne. « Le projet a couté 80 000 euros tout compris : fond de commerce, travaux, constitution du stock, etc. Nous avons emprunté 35 000 euros, auprès du Crédit coopératif. » Après six mois de fonctionnement, la Vie enchantiée dégage deux équivalents temps plein, au smic. Ce qui est plutôt un bon début. « Il faut que ça continue de se développer, rappelle Damien en bon entrepreneur, mais nous ne nous inquiétons pas trop pour ça. »

Le moral est au beau fixe. Echanger est le maître mot du projet. Le concept prend très bien, et pas seulement grâce aux breuvages alcoolisés ! Les soirée tricot alternent avec les « green drink », des apéros pendant lesquels on parle de développement durable appliqué. Il y aussi des soirées concert, et des soirées tout en gallo, des AG d’associations, des expositions d’artistes de la région et, une fois par mois, des petits déjeuners bio, à prendre en revenant du marché. La bière est locale, le café zapatiste et les crudités de saison. Dans le coin fauteuil, on trouve aussi un petit stock de BD engagées. Bref, tout ce qu’il faut pour honorer le slogan affiché sur les ardoises en vitrine : « Boire, manger, partager ». Santé !