Aide au développement

La France ne tient pas ses promesses

Aide au développement

par Agnès Rousseaux

13 milliards d’euros : c’est la somme qui manquera pour atteindre les objectifs d’aide publique au développement (APD) fixés par les États européens pour 2010. C’est ce que révèle un document interne [1] de la Commission européenne, qui considère que cela compromet la crédibilité internationale de l’Union européenne. Dans sa ligne de mire, les États membres qui ne respectent pas leurs promesses d’aide au développement : l’Allemagne, l’Italie et la France.

L’APD française stagne depuis 2004 aux environs de 0,45% du produit national brut (PNB) [2]. A l’opposé, le Luxembourg, la Suède [3], les Pays-Bas et le Danemark ont dépassé l’objectif européen de 0,7%. La Commission européenne s’interroge également sur la crédibilité des engagements pris à Copenhague par les pays européens de fournir aux pays en développement des financements (additionnels à l’APD) concernant l’adaptation aux changements climatiques.

L’OCDE dresse un constat identique. L’effort financier des 22 États membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE a augmenté de 35% entre 2004 et 2010, pour attendre le niveau de 107,4 milliards de dollars. Mais il manquera 21 milliards de dollars par rapport aux promesses faites par les États. En cause ? Sept pays qui n’ont pas tenu leurs engagements. Dans l’ordre : Allemagne, France, Japon et Italie.

Pour Luc Lamprière, directeur d’Oxfam France, cette situation est d’autant plus critiquable que la France « ne manque jamais une occasion de se présenter comme un leader en Europe sur les questions de développement ». Mais « elle se montre en réalité incapable de mettre ses choix budgétaires en conformité avec ses engagements internationaux. » Selon Oxfam International, 12 milliards d’euros supplémentaires seraient nécessaires chaque année « pour s’assurer que tous les enfants puissent aller à l’école ». 3,6 milliards d’euros permettraient de fournir de meilleurs soins médicaux et « de sauver la vie d’environ deux millions de mères et d’enfants. » Mais visiblement, pour certains États, cela n’est toujours pas une priorité.

Notes

[1distribué par la Commission avant une réunion européenne des Ministres du développement en Espagne les 17 et 18 février dernier

[2En 2010, entre 8,66 et 9,36 milliards d’euros - en fonction des annulations de dettes - seraient consacrés à l’APD, soit une fourchette allant de 0,44% à 0,48%.

[3dont l’APD représente 1,03% du produit national brut