Royaume-Uni

La plus grande expulsion de l’histoire

Royaume-Uni

par Sophie Chapelle

C’est l’expulsion la plus importante de toute l’histoire du Royaume-Uni. Quelque 86 familles de Travellers irlandais vivant à Dale Farm, à 40 kilomètres à l’est de Londres, sont la cible des huissiers. Alors que ces derniers prenaient position aux côtés de la police le 19 septembre pour faire évacuer le camp, la Haute Cour de justice a demandé aux autorités locales de surseoir à l’expulsion dans l’attente d’une nouvelle audience prévue le 23 septembre.

Les 200 membres de la communauté encore sur place font valoir qu’ils sont propriétaires des terrains. La municipalité de Basildon affirme que leurs caravanes et leurs bungalows ont été installés sur une zone verte protégée et non constructible. C’est au terme de dix ans de bataille judiciaire que la municipalité a finalement obtenu début juillet le droit de procéder à l’expulsion du plus grand campement dit « illégal » du Royaume-Uni. Selon l’avis d’expulsion, « l’eau et l’électricité seront coupées lorsque les résidents quitteront les lieux », les installations portables ou permanentes seront enlevées ou démolies, et les zones pavées seront détruites. Une manière de s’assurer qu’aucune communauté du voyage n’y remettra les pieds.

Amnesty International rapporte que « des terrains dans la région ont été mis à la disposition du conseil de Basildon pour servir d’emplacements de réinstallation, mais que celui-ci refuse [aux représentants de la communauté "nomade"] l’autorisation d’utiliser ces emplacements pour reloger des résidents de Dale Farm ». L’ONG rappelle également que dans les années 1990, « des amendements législatifs ont supprimé l’obligation des autorités locales de fournir des aires d’accueil pour les populations "nomades" ». La municipalité leur aurait en revanche proposé des logements sociaux en dur, que la plupart ont refusés, fidèles à leur mode de vie communautaire en caravanes. À aucun moment, ces résidents n’ont fait l’objet d’une réelle consultation, conforme aux normes internationales en matière de droits humains, à propos d’une solution de relogement convenable, y compris culturellement.

David Cameron évoque « une question d’équité » selon laquelle « tout le monde doit obéir à la loi, notamment sur les permis de construire et sur les terrains protégés ». Yves Cabannes, ancien conseiller des Nations unies sur les évacuations forcées, juge de son côté que cette expulsion serait une violation du droit international. Rien n’y fait. L’expulsion prévue vendredi 23 septembre et l’opération de maintien de l’ordre qui l’accompagnera coûteront, selon Amnesty International, jusqu’à 18 millions de livres (plus de 20 millions d’euros).

Pour plus d’information, visitez le site Dale Farm Travellers