Banques

Votre argent contribue-t-il à polluer la planète ?

Banques

par Ivan du Roy

Où placer son argent si l’on veut participer à la lutte contre le réchauffement climatique ? L’association Les Amis de la Terre et le cabinet de consultants Utopies viennent de publier un classement des banques en fonction des émissions de CO2 générées par l’argent qu’y déposent leurs clients. Une raison supplémentaire pour fuir les grands groupes bancaires.

Les banques polluent. Et les épargnants qui y possèdent un compte ou un livret par la même occasion. Ainsi, 1.000 euros confiés au Crédit agricole ou à HSBC produiront deux fois plus de CO2 que s’ils étaient gérés par La Banque postale ou le Crédit coopératif. Pendant qu’un détenteur d’un livret développement durable génère des émissions de CO2 équivalentes à celle d’une petite cylindrée ou d’une Smart pendant un an (moins d’une tonne de CO2 [1]), le détenteur d’un portefeuille d’actions classique dans une grande banque émettra autant de gaz qu’un 4X4 sur la même durée (plus de 5 tonnes de CO2). Pour calculer ces données les militants écolos de l’association Les Amis de la terre se sont alliés aux consultants du cabinet Utopies, spécialisé dans le développement durable. Ils ont ensemble réalisé un classement des banques en fonction de leur impact sur le climat.

Cet impact « ne se réduit pas aux consommations d’énergie des bâtiments ou au transport des salariés. Il est avant tout lié à la nature des activités qu’elles financent : PME, crédits immobiliers, compagnies pétrolières ou technologies vertes... Leurs choix d’investissements jouent un rôle majeur dans le développement d’une économie plus ou moins polluante. » Ils ont donc décomposé les principaux actifs détenus par les banques dans les différents secteurs d’activité (immobilier, agroalimentaire, énergie, automobile) et en fonction du type de crédits (aux PME, aux grands groupes, à la consommation…). Ce travail a été effectué grâce à une agence de notation suisse, Inrate, et selon le cadre méthodologique développé par l’association pour la transparence et l’étiquetage des produits financiers (Atepf).

Résultat de ce « classement carbone des groupes bancaires » ? Le podium des gros pollueurs est occupé par le Crédit agricole, HSBC holding (dont l’ex-CCF en France) et BNP-Paribas, talonnés par la Société générale. « Le Crédit Agricole est la banque la plus intensive en carbone. Elle doit cette place à la part très importante qu’occupe le secteur énergétique (pétrole, gaz, charbon) dans ses crédits aux grands groupes », commentent les auteurs de l’étude. BNP-Paribas demeure cependant la banque française qui émet le plus de gaz à effet de serre en valeur absolue (1,5 millions de tonnes de CO2 par an), notamment à cause de ses investissements dans le secteur des énergies non renouvelables. Encore une raison supplémentaire de vider vos comptes des grands groupes bancaires !

Sur le podium des plus vertueux, La Nef, petit établissement bancaire de l’économie sociale et solidaire, arrive largement en tête, suivi du Crédit Coopératif et de La Banque postale. « La Nef n’investit que dans des projets écologiques et sociaux (fermes biologiques, projets de commerce équitable, équipements d’économies d’énergies, etc.) », détaillent les auteurs. De son côté, le Crédit Coopératif « finance principalement la clientèle de détail, notamment les PME et le secteur associatif. Ce modèle économique exclut de facto le financement du secteur pétrolier et des industries lourdes, très polluants. » Quant à la Banque postale, elle figurerait en bonne place un peu par hasard. Sa position est, selon l’ONG et le cabinet de consultants, « liée à son statut légal davantage qu’à un choix militant : elle n’investit pas dans les entreprises. L’argent confié à la Banque Postale finance principalement des prêts immobiliers, l’Etat et la Caisse des dépôts (qui elle-même investit la moitié de ses fonds dans du logement social et l’autre moitié sur les marchés financiers). »

Si vous souhaitez en savoir davantage, un outil de calcul en ligne vous permet également d’évaluer la pollution que génère votre épargne en fonction du type de compte et de l’établissement qui le gère. Un livret développement durable (ex-Codevi) ou un livret A émettent ainsi moins de carbone qu’un Fonds commun de placement ou une assurance-vie.

Ivan du Roy

Notes

[1Pour 5.000 euros placés