Dépendance alimentaire

Vote de la loi d’avenir agricole : arrêtons de bétonner nos terres nourricières !

Dépendance alimentaire

par Rédaction

L’urbanisation fait disparaître 78 000 hectares de surfaces agricoles par an en France. Soit la surface moyenne d’un département entier tous les 7 ans, un stade de football toutes les 5 minutes ou un potager de 25 m² chaque seconde. Alors que la loi d’avenir agricole est examinée au Sénat à partir du 8 avril, plusieurs organisations paysannes, environnementales et de consommateurs adressent un appel au Premier ministre et au ministre de l’Agriculture afin qu’ils prennent les mesures nécessaires face à la disparition dramatique des terres cultivables.

Dans le cadre du vote en cours de la loi d’avenir agricole, nous demandons aux responsables gouvernementaux de prendre des mesures rapides et efficaces pour stopper l’artificialisation [1] de nos précieuses terres nourricières. L’urbanisation incontrôlée de notre territoire fait disparaître, en moyenne, 78 000 hectares de surfaces agricoles par an. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il s’est accéléré au cours de ces dernières décennies. Il équivaut, aujourd’hui, à la surface moyenne d’un département entier tous les 7 ans, ou à un stade de football toutes les 5 minutes.

L’incroyable gaspillage de cette ressource naturelle a de graves conséquences pour notre pays, à la fois sur le plan économique, social et environnemental :

 affaiblissement de notre filière agricole et agro-alimentaire (premier employeur national), qui fragilise de nombreux territoires ruraux, en particulier les territoires périurbains ;
 déficit de notre balance commerciale agricole (hors vins et spiritueux) ;
 imperméabilisation des sols aggravant les phénomènes d’inondations dans de nombreuses régions, avec des conséquences humaines et économiques de plus en plus lourdes ;
 limitation des infiltrations indispensables pour l’épuration des eaux, le recyclage d’effluents divers, et la régénération de nos nappes phréatiques ;
 perte de capacité de nos sols à stocker du carbone sous forme de matière organique ;
 diminution de la biodiversité présente dans les zones agricoles ;
 détérioration de notre cadre de vie, de nos paysages et de notre attractivité touristique ;
 régression de notre agriculture de proximité, de la qualité et de la diversité de notre alimentation, et de notre identité gastronomique et culturelle, à la fois locale et nationale ;
 rallongement de nos circuits d’approvisionnement, qui participe à l’augmentation du transport de marchandises sur longue distance, avec de multiples nuisances.

Au-delà de nos frontières, ce gaspillage français accroît la dépendance alimentaire de l’Europe vis à vis de l’extérieur (face à un marché agricole mondial de plus en plus spéculatif et à une concurrence toujours plus vive pour l’accaparement des terres).

Nous demandons donc au Premier Ministre et au Ministre de l’Agriculture de renforcer le pouvoir des Commissions Départementales de Préservation des Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers (CDPENAF) [2], dans le cadre de la future loi d’avenir sur l’agriculture, l’alimentation et la forêt.

Pour cela, ces commissions doivent avoir un avis décisionnel sur tout projet d’urbanisme ou d’aménagement qui aurait pour conséquence de réduire un espace à usage ou à vocation agricole, qu’il y ait un document d’urbanisme approuvé ou non sur le territoire concerné.

Cette mesure permet :

 de respecter les engagements pris par le gouvernement lors de la Conférence Environnementale de septembre 2012 ;
 de suivre les recommandations de la Cour des Comptes, remises à Jean-Marc Ayrault en août 2013 [3],
 de prendre en compte les amendements proposées par de nombreux parlementaires, représentant l’ensemble de l’échiquier politique, dans le cadre de la future loi d’avenir agricole.

Une mesure similaire a été mise en place par le Québec grâce à la loi du Zonage Agricole de 1978. Avec 36 ans de recul, cette mesure a objectivement prouvé son efficacité en matière de préservation du foncier agricole, tout en répondant aux besoins de logement et de développement du territoire. La France doit agir à son tour dans ce sens.

Nous invitons donc nos concitoyennes et concitoyens à signer cet appel, et à le faire circuler aussi largement que possible, pour encourager le gouvernement à franchir ce pas décisif. Cette démarche collective est à la fois cruciale pour améliorer notre situation actuelle et pour préserver l’avenir de nos enfants.

Pour signer l’appel, cliquez ici.

Organisations signataires de l’appel : FILIERE PAYSANNE, AFES (Association Française d’Étude des Sols), FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique), BIO CONSOM’ACTEURS PACA, TERRE DE LIENS, ÉCOFORUM, AQUI SIEN BEN, RELOCALISONS !, FNE 06 (France Nature Environnement), AGIR POUR LA CRAU, ARLES CAMARGUE ENVIRONNEMENT ET NATURE, MODEF (Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux), MALTAE, InPACT (Initiatives Pour une Agriculture Citoyenne et Territoriale), FONDATION NICOLAS HULOT POUR LA NATURE ET L’HOMME, GÉNÉRATIONS FUTURES, SOLAGRO, RES (Réseau Environnement Santé), MRJC (Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne), FNE PACA (France Nature Environnement), CDTF 83 (Collectif de Défense des Terres Fertiles), FNE 84 (France Nature Environnement), LES SORGUES VERTES, COLIBRIS (Coopérer pour changer), LIEN EN PAYS D’OC, AGRIBIO 13, L’AGE DE FAIRE (Des outils pour réinventer le monde), LE PLAN ESSE (Ensemble pour une économie juste), EAU BIEN COMMUN PACA.

Cet appel est soutenu par de multiples personnalités médiatiques et scientifiques : Yann ARTHUS-BERTRAND, Jean-Pierre BERLAN, Philippe DESBROSSES, Marc DUFUMIER, Nicolas HULOT, Béatrice et Jean-Paul JAUD, Marie-Monique ROBIN, Christian VELOT...
Il reçoit également un large soutien du monde politique : Eurodéputés (Jean-Luc BENAHMIAS - Modem, Corinne LEPAGE - Cap21, Michèle RIVASI – EELV) ; parlementaires nationaux (Brigitte ALLAIN - EELV, Thierry BENOIT - UDI, Joël GIRAUD - RRDP, Jean-Pierre MAGGI - PS, Bernard REYNES – UMP) ; responsables de partis nationaux (Emmanuelle COSSE - EELV, Christophe MADROLLE - Modem, Corinne MOREL-DARLEUX - Parti de Gauche), ainsi que de multiples élus locaux de différentes tendances.

Des informations plus détaillées sont disponibles sur le lien suivant : filiere-paysanne.blogspot.fr/

Notes

[1Perte du caractère naturel ou agricole d’un espace par bétonnage, goudronnage, compactage ou transformation en pelouse à usage public ou privé.

[2Les futures CDPENAF, prévues par la loi d’avenir agricole, devraient remplacer les actuelles CDCEA (Commissions Départementales de Consommation des Espaces Agricoles).

[3Voir le référé de la Cour des Comptes n° 66580 en cliquant ici.