Forum social mondial

Visibilité des alternatives : ça commence mal !

Forum social mondial

par Ivan du Roy

Plus de 2.000 activités, de la table-ronde au meeting, sont organisées au Forum social mondial de Belem, au Brésil. Le tout présenté dans programme étoffé mais particulièrement confus. Un révélateur de la difficulté des Forums sociaux à mettre en valeur ce qui se construit depuis dix ans.

Précieux sésame indispensable aux participants du Forum social organisé à Belem au Brésil, le programme des activités a été édité en temps et en heure. 144 pages recensent plus de 2.500 activités, séminaires, débats, tables rondes, expositions, concerts, et des cérémonies animées par des peuples autochtones de l’Amazonie, dont une danse de la pluie. Problème : riche et touffu, le programme est particulièrement illisible. Il est structuré en onze objectifs, dont certains se recoupent entre eux quand ils ne sont pas des plus imprécis, formulés dans une novlangue propre aux forums.

L’objectif 2 par exemple : « Pour la libération du monde de la domination du capital, des multinationales, de la domination impérialiste, patriarcale, coloniale et néo-coloniale et des systèmes inégaux de commerce, pour l’annulation de la dette des pays appauvris ». En résumé, la crise financière, les critiques contre Total, la solidarité envers la Palestine, le FMI et les accords de libre-échange sont mis dans un même panier… Ou l’objectif 6, louable mais beaucoup trop vaste : « Pour la garantie (au long de la vie de toutes les personnes) des droits économiques, sociaux, humains, culturels et environnementaux, en particulier le droit aux soins de santé, à l’éducation, au logement, à l’emploi, au travail décent, à la communication et à l’alimentation (avec la garantie de la sécurité et de la souveraineté alimentaire) ». Ouf !

Une fois définis les objectifs susceptibles de l’intéresser (tous en fait tant les intitulés sont larges), le participant doit se plonger dans la liste des réunions qui s’y rattachent. Au risque de s’y noyer tant leur lecture est ardue ! Des ateliers animés par une association méconnue sont mis au même niveau que des rencontres entre dix réseaux internationaux d’ONG et de mouvements sociaux. Il arrive qu’on discute de sujets identiques dans cinq ou six lieux différents sans que les animateurs aient été invités à regrouper leurs activités. Bref, pour ce sixième FSM aucun effort n’a été accompli par les organisateurs pour structurer débats et rencontres de manière à ce qu’il en ressorte un catalogue de propositions concrètes. Sans oublier les traditionnels intitulés nébuleux, du genre : « Mosaïque des tendances : participation citoyenne ». Notons enfin que les cinquante ans de la révolution cubaine sont à l’honneur, logique en Amérique latine. Des expositions et projections sont présentées mais sans un soupçon de débat critique. Un peu gênant quand on porte comme objectif « la construction d’institutions politiques réellement démocratiques ».

IDR

Photo : Collectif Creajama, en partenariat avec le Crid