Législatives

Vers une nouvelle Assemblée très élitiste qui renforce la « fermeture sociale »

Législatives

par Ivan du Roy

510 candidats officiels de La République en marche (LREM), le mouvement d’Emmanuel Macron, disputeront le second tour des élections législatives, le 18 juin. Plus de 400 d’entre eux pourraient être élus députés. Une note du Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences-Po, réalisée par le chercheur Luc Rouban, s’est penchée sur le détail de leurs profils. Et confirme que la grande majorité des candidats, loin d’incarner un renouvellement socialement divers, est porteuse de « fermeture sociale » et caractérisée « par son appartenance majoritaire à une bourgeoisie moderniste, diplômée, libérale sur le plan culturel comme sur le plan économique ».

Près de 70 % des candidats sont issus des classes supérieures : cadres du privé (20 %) et industriels (10 %) principalement, mais aussi patrons de très petites entreprises, avocats ou médecins. A l’opposé, les ouvriers, les employés et les professions intermédiaires du privé ne sont que 6,5 % (contre 75 % dans la population française). Ces catégories étaient déjà peu représentées à l’Assemblée – environ un député sur six en était issu. Elles disparaîtront presque totalement du débat politique du nouvel hémicycle. « La part prise par les études commerciales au sens large, en y incluant les formations marketing ou communication d’entreprise, est importante puisque 54 candidats soit un peu plus de 10 % ont suivi des études spécialisées dans la gestion d’entreprise », ajoute le chercheur.

Un risque accru de conflits d’intérêts

Cette « fermeture sociale » soulève des interrogations. Elle était malgré tout compensée par les partis traditionnels, notamment à gauche, « qui permettaient à des candidats d’origine modeste de progresser sur le plan social ». « C’est donc cette fonction de mobilité sociale ascendante par la politique qui pourrait être remise en cause par la généralisation d’un recrutement direct ne profitant qu’à des personnes déjà suffisamment dotées en ressources sociales pour tenter l’aventure électorale. »

Luc Rouban pointe également le risque accru de conflits d’intérêts potentiels, et de perméabilité de la nouvelle Assemblée au lobbying des grands intérêts économiques et financiers privés : « Le fait de puiser largement les candidats dans le milieu de l’entreprise privée ou des professions libérales, s’il permet de rapprocher la pratique politique du savoir-faire économique, est également porteur de risques importants de conflits d’intérêts à moyen ou long terme et ne peut qu’exiger un renforcement drastique des contrôles qui vont devoir peser sur le personnel politique. »

En terme de proximité politique, près d’un tiers des candidats LREM se disent proches de la gauche social-libérale (PS, PRG, divers-gauche), moins de 2 % se revendiquent proches des écologistes, et un peu plus d’un quart du centre (Modem et UDI) et de la droite.

 Voir la note du Cevipof