Projet

Un journal, une asso et une MJC créent une « maison commune », lieu de fête, de partage et d’émancipation

Projet

par Collectif

Le journal L’âge de faire, avec une Maison des jeunes et de la culture (MJC) et une association environnementale, lance un projet de lieu collectif géré en coopérative, à Saint-Auban dans les Alpes-de-Haute-Provence. Pour y arriver, les trois organisations sont en recherche de financements, avec une campagne de crowdfunding.

Elle ne paye pas vraiment de mine, pour l’instant, l’ancienne mutuelle de l’usine chimique de Saint-Auban, dans les Alpes-de-Haute-Provence. C’est une maison aux volets fermés depuis des années, avec un petit bar-cantine au rez-de-chaussée, une grande salle de réunion à l’étage, des bureaux, une cour de graviers, et un bout de jardin à l’abandon. Elle se trouve à côté du restaurant d’entreprise où viennent manger les salariées de l’usine, et à deux pas d’une place du marché pleine de vie le dimanche... et plus triste les autres jours. Ça, c’est aujourd’hui.

Maintenant, imaginez : Pendant que l’équipe de L’âge de faire prépare la sortie de son prochain numéro, des adhérentes de la Maison des jeunes et de la culture (MJC) travaillent sur une œuvre collective. L’Écrié, le journal participatif de la MJC, s’est installé à côté de la rédaction de L’âge de faire. Journalistes amateurs et professionnels échangent coups de main et conseils, avant de poursuivre la discussion avec des lecteurs de passage au comptoir du bar associatif, qui accueille aussi une livraison de légumes bio, de l’accompagnement scolaire, un kiosque de presse alternative, des expositions, et une bibliothèque sur l’économie sociale et l’écologie.

Semer les graines d’une transition écologique et solidaire

Dehors, l’association Graines de cultures jardine avec un groupe d’enfants, et leur explique le principe du compostage. Le potager commence à fournir des légumes pour les ateliers cuisine. Un salarié de la Maison commune reçoit un petit groupe d’habitantes qui souhaitent lancer un projet d’intérêt général. Après les avoir écoutés, il leur proposera un accompagnement, en sollicitant si besoin des structures extérieures. La MJC, L’âge de faire et Graines de cultures sont informées de chaque nouveau projet. Les idées et les savoir-faire des unes et des autres font avancer le schmilblick. De cette coopération naissent de nouvelles expériences, qui sèment les graines d’une transition écologique et solidaire dans cette cité ouvrière frappée par le déclin industriel, mais riche d’un tissu associatif très dense. Lieu de fête, de partage et d’émancipation, la Maison commune est ouverte à tous et participe à la construction d’un autre système, loin du chacun pour soi et de la course à la croissance.

Tout ça, ce n’est pour l’instant que du rêve. Mais ça fait quelques années que les trois organisations y travaillent. L’âge de faire, la MJC de Saint-Auban et l’association Graines de cultures ont créé une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) pour acheter, rénover, gérer et animer cette ancienne mutuelle. Grâce à un financement de l’Agenda 21 des Alpes-de-Haute-Provence, des architectes vont les aider à en faire la meilleure utilisation pour le moindre coût possible. Elles ont également obtenu une subvention européenne pour l’isolation de la façade en chantier participatif et le poste d’accompagnement de projets d’habitants. Et pour le reste... c’est parti pour l’aventure ! Chacun peut souscrire des parts dans la coopérative, faire un don, venir les aider pour les travaux, ou même demander à faire partie des occupants du lieu : il reste de la place pour au moins une petite entreprise ou association.

Une Scic est une coopérative qui réunit différents types d’acteurs (producteurs, consommateurs, salariés, bénéficiaires, financeurs, collectivités...) autour d’un projet commun. Sa forme juridique de base est celle d’une entreprise classique (SARL, SA ou SAS). Ses statuts prévoient un fonctionnement coopératif, avec notamment le principe « une personne = une voix » et l’affectation d’une part importante des bénéfices à des réserves impartageables. Ce statut va permettre à la société coopérative et participative L’âge de faire et aux associations MJC et Graines de cultures d’être collectivement propriétaires de la Maison Commune, aux côtés de toutes les personnes, associations et partenaires qui souhaiteront s’engager dans le projet en souscrivant des parts. La Scic aura pour rôle de rénover, gérer et animer le bâtiment, en y développant un lieu-ressource de l’économie sociale et solidaire, de la transition écologique, de l’éducation populaire et du journalisme citoyen.

Les souscripteurs sont répartis en quatre collèges en fonction du rôle joué dans le projet. Lors des assemblées générales, chaque collège se prononce sur les résolutions. Des pourcentages différents sont ensuite appliqués aux collèges. Ils visent à garantir aux structures et personnes qui feront vivre le bâtiment au quotidien une certaine maîtrise du projet. Chaque collège est également représenté au sein du Conseil coopératif, qui se réunit une fois par mois et gouverne la Scic tout au long de l’année. Dans la pratiques, toutes les personnes souhaitant s’engager dans le projet auront leur place.

Pour mener à bien le projet, L’âge de faire a lancé le 15 septembre, une collecte de dons sur Zeste, la plateforme de financement participatif de la Nef.

 Plus d’informations sur le site de L’âge de faire.