Violences au travail

Un hôtel de luxe condamné pour avoir aidé un agresseur sexuel à s’enfuir

Violences au travail

par Nolwenn Weiler

Mariama Diallo, femme de chambre dans le prestigieux hôtel Park Hyatt Vendôme, a bien a été agressée sexuellement par un client en juillet 2010. C’est parce qu’elle a dénoncé cette agression qu’elle a ensuite été mutée, puis licenciée. Le conseil des prud’hommes de Paris l’affirme dans un jugement rendu en août. L’hôtel, et la société sous-traitante employeur direct de Mariama Diallo, sont condamnés à lui verser 20 000 euros de dommages et intérêt. Donneur d’ordre et sous-traitant ont par ailleurs été condamnés à une amende pour ne pas avoir rempli leurs obligations de prévention du harcèlement sexuel. Les femmes du secteur de l’hôtellerie sont sur-exposées à ces risques et l’employeur doit faire en sorte de les en préserver.

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Le Park Hyatt devra verser 10 000 autres euros à Mariama Diallo pour le préjudice subi : la direction a aidé le client coupable à quitter précipitamment l’hôtel, puis la France. « Le Park Hyatt Vendôme n’a pas cru devoir prévenir la police le soir même de l’agression, ce qui a facilité la fuite de l’agresseur », disent les juges. « Ils ont considéré que c’est très grave, relève Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), puisque la somme à laquelle l’hôtel est condamné sur ce point est aussi importante que celle à laquelle il a été condamné pour les faits de harcèlement sexuel. » [1] L’impossibilité de retrouver l’agresseur a en effet contraint la Justice à rendre un non-lieu en août 2015, alors même que les faits de harcèlement sexuel étaient clairement établis.

Mariama Diallo a cependant été déboutée de sa demande de reconnaissance de la « fausse sous-traitance » pratiquée par le Park Hyatt Vendôme dans l’embauche des femmes de chambre. Elle souhaitait ainsi faire reconnaître que c’est bien l’hôtel, et non l’employeur sous-traitant, qui décide de leurs tâches et emplois du temps. Cette reconnaissance lui aurait donné accès, ainsi qu’aux femmes de chambre dans la même situation, à divers droits tels que l’intéressement, la participation, ou encore l’indemnité de nourriture. En mars 2016, le conseil des prud’hommes de Paris avait pourtant condamné le Park Hyatt Vendôme pour « fausse sous-traitance » dans une affaire qui l’opposait à une autre femme de chambre. Les entreprises condamnées dans « l’affaire Diallo » ont deux mois pour faire appel.

Notes

[1L’AVFT soutient Mme Diallo depuis plusieurs années. Elle était « partie intervenante volontaire » dans la procédure prudhommale.