Greenwashing

Prix Pinocchio : Shell, GDF Suez et Samsung élues pires entreprises de l’année

Greenwashing

par Simon Gouin

GDF Suez, Samsung et Shell sont les lauréates des Prix Pinocchio 2014, décernés à des entreprises dont les pratiques sont en décalage avec leur discours. Organisé par les Amis de la Terre, Peuples Solidaires-ActionAid France et le Centre de recherche et d’information pour le développement (Crid), en partenariat avec Basta! et l’Observatoire des multinationales, ce prix a été décerné cette année par 61 000 votants, qui ont départagé neuf multinationales nominées, dans trois catégories.

« Une pour tous, tout pour moi »

C’est la multinationale anglo-néerlandaise Shell qui a obtenu le plus de voix des internautes dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi ». Celle-ci couronne « l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles ». De l’Argentine à l’Ukraine, des États-Unis à l’Afrique du Sud, en passant par l’Algérie ou la Tunisie, Shell investit massivement dans la recherche et l’exploitation des gaz de schiste et des hydrocarbures non conventionnels, tout en se targuant de respecter des « principes ambitieux ». La réalité, bien sûr, est toute autre : au Nigeria par exemple, l’entreprise est l’objet de poursuites internationales pour des violations des droits humains et des destructions environnementales occasionnées par ses activités. Tandis qu’en Ukraine et en Argentine, les populations ne sont pas consultées et des puits sont forés dans une aire naturelle protégée et sur des terres agricoles.

 Lire notre article : Gaz de schiste : comment la multinationale Shell fracture la planète à tout va.

Dans cette catégorie, les autres nominés étaient Total et le Crédit Agricole.

« Plus vert que vert »

Dans la catégorie rassemblant des entreprises « ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de [leurs] activités réelles » , le grand gagnant est… GDF Suez, pour ses « obligations vertes ». Le principe ? L’entreprise lève de l’argent auprès des investisseurs, ce qui lui permet d’investir sur le long terme. Puisque ces obligations sont « vertes », l’argent collecté est censé servir exclusivement à financer des projets d’énergies renouvelables ou d’efficacité énergétique. Des projets solaires ou éoliens, mais aussi des grands barrages hydroélectriques, comme celui de Jirau, en Amazonie. Un véritable désastre environnemental et humain, sur lequel l’Observatoire des multinationales a enquêté. L’entreprise continue aussi de développer massivement les énergies fossiles, donc très polluantes, notamment en Afrique du Sud, au Maroc, en Turquie ou en Allemagne, tout en soignant son image verte !

 Lire notre article : Comment la finance « verte » détruit l’Amazonie

Dans cette catégorie, les autres nominés étaient EDF et Pur Projet.

« Mains sales, poches pleines »

Le prix décerné « à l’entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d’approvisionnement » a été attribué à Samsung, pour les conditions de travail indignes de ses employés chinois. L’entreprise coréenne est notamment accusée d’avoir recours au travail d’enfants dans sa chaine d’approvisionnement. « Samsung ne fait pas grand chose pour améliorer concrètement la situation des ouvriers et ouvrières chinoises », note l’ONG Peuples Solidaires-ActionAid France. Cette dernière a porté plainte aux côtés de l’organisation Sherpa pour « pratique commerciale trompeuse », suite à la certification de ses portables, en Suède, comme « socialement responsable » ! Le Prix Pinocchio obligera-t-il l’entreprise à modifier ses pratiques ?

 Lire notre article : Travail des enfants : Samsung pris au piège de ses beaux discours

Les deux autres nominés de cette catégorie étaient Perenco et Lyon Turin Ferroviaire.


Tous nos articles sur les nominés du Prix Pinocchio :

Catégorie « Une pour tous, tout pour moi » :

 Gaz de schiste : comment la multinationale Shell fracture la planète à tout va
 Le delta du Niger : un terrain de jeu pour les compagnies pétrolières, un désastre écologique pour les populations
 Crédit agricole, la « banque verte » qui soutient les énergies sales et la destruction de montagnes

Catégorie « Plus vert que vert » :

 Comment la finance « verte » détruit l’Amazonie
 Comment EDF prétend lutter contre le réchauffement climatique… en délocalisant sa pollution en Europe de l’Est
 La création d’un « marché carbone équitable » à l’image du commerce équitable crée la polémique

Catégorie « Mains sales, poches pleines » :

 Travail des enfants : Samsung pris au piège de ses beaux discours
 Perenco, la petite entreprise pétrolière accusée de faire de gros dégâts
 Lyon-Turin : une ligne ferroviaire à 30 milliards d’euros pour gagner une heure ?

Voir aussi le site de l’Observatoire des multinationales