Prix de la Honte

Gazprom, Glencore, Gap ou la Fifa... Quelle est la pire entreprise de l’année ?

Prix de la Honte

par Sophie Chapelle

Après Shell et Goldman Sachs en 2013, quelles seront les entreprises lauréates du « prix de la honte » international en 2014 ? Les votes pour les Public Eye Awards 2014 sont ouverts jusqu’au 22 janvier prochain. Ce prix remis chaque année à Davos (Suisse), en même temps que le Forum économique mondial, vise à dénoncer les mauvaises pratiques des multinationales. Parmi les huit entreprises nominées, c’est le groupe pétrolier russe Gazprom, avec plus de 55 000 votes, qui caracole en tête. Première entreprise à avoir construit une plateforme de forage dans l’Arctique, Gazprom a commencé à extraire du pétrole fin décembre 2013. Alors que 206 fuites de pétrole ont été identifiées sur six de ses champs pétrolifères, les écologistes craignent un désastre environnemental. Trente militants de Greenpeace – les « 30 de l’Arctique »– avaient été emprisonnés en Russie après une action contre cette plateforme.

La FIFA, association sportive internationale basée en Suisse, arrive en deuxième position avec plus de 32 000 votes. Elle est l’organisatrice de la Coupe du monde de football au Brésil dont les effets sur les dizaines de milliers d’habitants de favelas sont catastrophiques (lire notre enquête). Outre des déplacements forcés, des zones exclusives de ventes sont aménagées et placées sous contrôle autour des stades, provoquant la ruine d’innombrables vendeurs ambulants. Sans oublier le refus de la FIFA d’améliorer les désastreuses conditions de travail sur les chantiers de la future Coupe du monde au Qatar.

Un seul clic suffit pour voter en faveur d’un trio d’entreprises chimiques, Syngenta, Bayer et BASF. Elles sont accusées de produire et de vendre des pesticides hautement toxiques, responsables en partie de la mort massive d’abeilles et autres pollinisateurs (voir notre dossier). Autre nominé, le géant de la mode Gap qui a déjà recueilli plus de 25 000 votes pour avoir refusé de signer l’Accord sur la sécurité des usines textile au Bangladesh après le drame du Rana Plaza : 1 127 ouvriers et ouvrières tués dans l’effondrement d’une usine textile au Bangladesh, le 24 avril 2013 [1]. Or, les usines dans lesquelles Gap se fournit ne respectent souvent pas les mesures les plus élémentaires comme la présence d’issues de secours ou des installations électriques aux normes.

Glencore Xastra, plus grande société anglo-suisse de négoce dans le secteur des matières premières, est accusée de priver les populations locales de moyens de subsistance et de persécuter ses opposants. La banque britannique HSBC est nominée pour sa contribution à la déforestation sans l’accord des communautés locales. La banque finance deux producteurs majeurs d’huile de palme, Wilmar International et Sime Darby (notre enquête). Le groupe norvégien Marine Harvest, premier producteur de saumon d’élevage au monde, est accusé d’enfreindre au Chili les législations du travail, de la santé et de l’environnement. Enfin, Eskom, opérateur national de l’électricité d’Afrique du Sud, est mis à l’index pour ses centrales au charbon polluantes. Les résultats des votes seront rendus publics le 23 janvier.

Pour voter : www.publiceye.ch

[Mise à jour le 23 janvier 2014] Gazprom est l’entreprise qui a reçu le plus de voix au 22 janvier (plus de 95 000 votes) et remporte le Prix du public 2014. Un jury indépendant a attribué l’autre prix de la honte, le Prix du jury des Public Eye Awards, à Gap.