Mal-bouffe

Quand les OGM menacent la croissance économique

Mal-bouffe

par Nolwenn Weiler

Une entreprise de torréfaction de céréales bios, en pleine expansion, craint que la contamination des cultures bios par les OGM ne freine sa jolie courbe de (bonne) croissance et ses embauches.

Cereco, spécialiste des céréales bio pour le petit déjeuner, situé à quelques kilomètres de Rennes, est une entreprise comme on aimerait en voir plus souvent. Côté "développement durable" d’abord, Cereco ne se contente pas de publier des rapports colorés au marketing vert. La société vient d’inaugurer l’extension de ses locaux, soit plus de 2000 m², en construction 100 % écologique : ossature et bardage en bois, isolation en chanvre, murs en bio-brique, toit végétalisé, récupération de l’eau de pluie et centrale solaire photovoltaïque. Avec 1360 m² de panneaux posés sur le toit, l’entreprise produira elle même 30% de ses besoins en électricité. Le directeur, Gérard Le Goff estime que le surcoût, à la construction, est de l’ordre de 25%. Mais cela apporte, précise-t-il « la satisfaction de la cohérence ». C’est aussi un atout commercial. « Nos distributeurs apprécient notre démarche. Pour eux, c’est une marque de sérieux qui les encouragent à nous renouveler leur confiance. Finalement, cela équivaut à un bon investissement publicitaire » (la preuve : même Basta en parle gratuitement sans même toucher une enveloppe de céréales).

L’entreprise, fondée en 1989, peut se permettre d’investir. Son marché progresse de 25 à 30% par an. Chaque année, deux à trois emplois sont créés pour un effectif d’une quarantaine de salariés.
Belle réussite pour ce projet lancé de manière artisanale par deux agriculteurs. « Au départ, nous faisions tout à la main, se souvient Gérard Le Goff. Nos journée étaient interminables et on ne se payait pas vraiment ». Entamées dès la deuxième année, la mécanisation et l’embauche de personnel ne se sont, depuis, plus arrêtées.

Réduire ses marges plutôt que d’augmenter le prix

Les bilans financiers ne suscitent donc pas d’anxiété excessive. Le directeur s’inquiète davantage pour les approvisionnements en matières premières. Le marché des céréales est plutôt tendu ces derniers temps. La mise en place de filières durables entre producteurs et transformateurs ne suffira pas nécessairement à amortir une hausse brutale du blé. « Un partenariat conclu avec une coopérative de producteurs en Poitou Charente nous garantit qualité et quantité. Mais côté prix, si les cours s’envolent, nous serons évidemment touchés. » Pour le moment, Céréco a fait le choix de ne pas augmenter ses produits en rayon. « Notre bonne santé économique nous permet de maintenir les mêmes prix, en diminuant très légèrement nos marges. Mais nous attendons la prochaine récolte, dans trois mois, pour être fixés. Il se peut que nos tarifs grimpent un peu. »

La manne économique Céréco, pourvoyeuse d’emplois locaux en milieu rural, pourrait aussi être mise à mal par le dernier vote des députés sur les OGM. « Nous sommes évidemment très menacés par ces décisions politiques, regrette Gérard Le Goff. La qualité de nos produits pourrait diminuer, en cas de contamination par les OGM, en plein champ, ou lors des transports. Et du point de vue de notre crédibilité, nous aurions, alors, tout à perdre. » Qui plus est, Cereco reste une petite entreprise, qui ne peut pas se permettre de financer d’éventuels tests visant à prouver la présence, ou non, d’OGM dans ses produits. « Les mêmes risques de contamination existent pour la fourniture à l’international, en fruits secs et cacao notamment », précise Gérard Le Goff. De gré, ou de force, vous les aurez, les OGM dans votre assiette ! Merci qui ?

Nolwenn Weiler