Alternatives

Des paysans bio en soutien au mouvement Nuit Debout

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par Rachel Knaebel

« Ça nous interpelle, ce mouvement, qui s’interroge sur l’avenir et sur la manière de construire un projet », confie Dominique Marion, paysan bio depuis 1977 près de Royan (Charente-Maritime), en regardant l’assemblée générale qui se termine. Depuis le 31 mars, tous les soirs, la place de la République à Paris se remplit à l’appel de « Nuit Debout », pour des soirées et des nuits d’assemblées, de discussions, de débats dans la foulée de l’opposition au projet de réforme du Code du travail et pour la convergence des luttes [1]. Lundi, des paysans bio de toute la France se sont joints à l’occupation le temps d’un cercle de parole. Dans d’autres villes de France, le mouvement Nuit Debout continue d’essaimer et de grandir, jour après jour.

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Venus à Paris à l’occasion de leur assemblée générale, 150 paysans et salariés du réseau de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), en ont profité pour découvrir ce qui se jouait depuis quelques jours dans la capitale. « Il n’y a pas de changement de société sans implication citoyenne, c’est le message qu’on a voulu passer. Ça a été entendu, avec les gestes des jeunes ici, qui secouent les mains. » A quelques pas du cercle de l’assemblée générale, les codes de communication hérités des indignés sont inscrits sur un panneau. C’est comme ça qu’on échange depuis quelques jours sur la place de la République. « Pour beaucoup de paysans bio, c’est un choc de culture », sourit Dominique Marion.

Le public de Nuit Debout est en effet jeune, et urbain. « Mais dans le bio aussi, on voit un certain nombre de jeunes qui ne viennent pas du milieu agricole et qui s’installent en bio », souligne Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab, productrice laitière en Loire-Atlantique. « On est venu apporter notre soutien, car on considère que le débat démocratique doit s’améliorer et que le citoyen doit s’impliquer sur les territoires, sur l’alimentation, l’agriculture. Ces questions ont leur place dans les débats citoyens qui ont lieu ici. Nous voulons aussi montrer qu’on se bouge tous les jours, qu’on fait des choses dans le domaine des biens communs », explique l’éleveuse laitière qui s’investit aussi contre l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes dans sa région. « Je milite pour la préservation des terres agricoles. Comme ici, il y a à Notre-Dame-des-Landes une convergence des luttes ». Ce soir-là, l’assemblée générale des intermittents de la capitale s’est aussi transportée place de la République.

Rachel Knaebel

Photo : CC Convergence des luttes / Facebook