Remède au fatalisme

« Pourquoi j’ai rejoint le mouvement Occupy »

Remède au fatalisme

par Luc Chatel

Andrew, 23 ans, employé dans une grande compagnie américaine, soutient le mouvement Occupy de Boston depuis le début, et rejoint le campement dès qu’il peut. Critique envers les politiques, il pense que la force d’Occupy est surtout d’essayer de changer les mentalités.

S’il ne quitte pas son gros bonnet à tête de cochon rose, c’est d’abord parce qu’il fait très froid fin novembre, à Boston, et qu’il va passer des heures dans une tente. Mais pas seulement. Andrew, employé d’une grande chaîne de pharmacies, CVS, est à l’image de nombreux militants des groupes Occupy : convivial, joyeux, heureux d’avoir trouvé un lieu où partager son temps et ses convictions.

Un combat « éthique »

Ce cochon rose est aussi sans doute un clin d’œil à son militantisme pour le mariage homosexuel. C’était jusque-là son unique forme d’engagement politique. Encarté dans aucun parti ni syndicat, ses premières actions remontent à 2006 : étudiant dans le Wisconsin, il a combattu le projet du gouverneur Scott Walker d’interdire le mariage homosexuel.

Installé à Boston depuis plusieurs années, il a rejoint Occupy dès sa création, début octobre. Comme il travaille toute la semaine et parfois le week-end, il ne passe pas autant de temps qu’il le souhaiterait dans le camp, où il s’occupe de la tente « information ». Il partage pleinement le combat d’Occupy contre les banques, qu’il accuse de corruption : « Cet argent détourné par les banquiers, c’est à la fois un problème économique et éthique. La loi ne suffit pas, c’est surtout un problème de comportement et de conscience personnelle. »

Andrew milite aussi contre les expulsions. À cause de la crise des subprimes de 2008, de nombreuses familles américaines sont chassées de leur maison pour faciliter des saisies immobilières. Des associations les aident à se loger, mais tentent aussi d’interdire les expulsions, parfois en faisant barrage physiquement.

Conserver l’indépendance d’Occupy »

C’est le cas d’une association de Boston dont fait partie Andrew, City Life/Vida Urbana, qui mène des actions communes avec Occupy. « Ce type de synergie est utile car cela permet d’agrandir le mouvement. Il est vrai qu’Occupy Boston est un petit groupe pour l’instant, mais cela ne me dérange pas : on doit toujours partir de petites unités, de la base, pour pouvoir développer ses idées. »

Pour lui comme pour beaucoup de militants, le plus important est de conserver la liberté du mouvement Occupy et son indépendance, notamment vis-à-vis des partis politiques. Si la critique est unanimement sévère à leur égard, Républicains comme Démocrates, beaucoup voteront Obama aux prochaines élections.

« Il m’est arrivé de voter pour le Green Party autrefois, mais c’est un très petit mouvement, qui n’a pas de candidat pour la présidentielle, confie Andrew. Je vais voter Obama, mais j’ai aussi envie de m’abstenir. L’idéal serait qu’un très grand nombre d’Américains s’abstiennent, et qu’à la suite de cela, on annule les élections. Cela serait vraiment représentatif de ce que les Américains pensent de leur classe politique. D’ailleurs, aux élections municipales, à peine 10% des électeurs vont voter. Mais comme elles n’intéressent pas les médias… »

Luc Chatel