Législatives

Portrait de candidats : Jacques Boutault, libertaire de proximité

Législatives

par Eros Sana

Jacques Boutault est le seul maire écolo d’arrondissement de Paris (IIe arrondissement) et y porte les couleurs d’Europe Écologie-Les Verts aux législatives. Il fait partie des candidats que Basta! a choisi de rencontrer car ils incarnent, chacun à leur manière et sous des étiquettes différentes, une véritable volonté de transformation écologique, sociale et démocratique.

L’homme au feutre sombre et à vélo. Telle est l’image que les médias ont longtemps associé à Jacques Boutault, premier et seul maire d’arrondissement écolo de la capitale, élu en 2001 dans le IIe arrondissement de Paris. Cela n’a pas changé. Sauf pour le chapeau, qu’il ne porte plus. Et il a plusieurs fois dû changer de vélo. « On les lui pique souvent », confie Annie Lahmer, sa directrice de campagne.

L’élection de 2001 était l’aboutissement d’un long engagement citoyen et associatif, commencé à la Fédération anarchiste à l’âge de 17 ans, poursuivi au sein de différentes associations et au sein des Verts, qu’il rejoint en 1997. « Après m’être confronté à la limite, voire au relatif confort de l’action associative, je décide de basculer du côté de la décision politique. » Jacques Boutault est un fervent partisan de l’action de proximité. Les parachutages, ce n’est pas son style : « On fait de la politique là où l’on vit, là où l’on travaille. » Pour lui, pas de politique de proximité sans réel outil de démocratie participative. Il a été l’un des premiers à installer de vrais conseils de quartier, des lieux où se coconstruisent les décisions publiques et où les habitants ne sont pas « des potiches choisis par le maire ».

Le Paris de l’agriculture biologique

Aujourd’hui, à 51 ans, il est candidat aux législatives pour Europe Écologie-Les Verts (EELV) dans la 1re circonscription de la capitale. Face à Claire Morel pour le PS et Pierre Lellouche, député sortant de l’UMP. Avec seulement 10 000 euros de budget de campagne, ce fils de Berrichons, venu s’installer dans le IIe en 1994, est aux antipodes de la carrière politique de l’ancien secrétaire d’État au Commerce extérieur de Nicolas Sarkozy, Pierre Lellouche. Journaliste de profession, Jacques Boutault continue à travailler au Pôle emploi, où il est en charge du développement durable. « La politique, ce n’est pas un métier. Il est indispensable que les politiques soient en contact avec la vraie vie », lance-t-il.

Que pense-t-il de la participation de son parti au gouvernement ? « Si la gauche est vraiment de gauche et si les écologistes sont vraiment écologistes, on ne décevra pas. » Illustration ? Dans son arrondissement, Jacques Boutault a réussi à instaurer 70 % d’aliments « bios » dans les cantines scolaires. « Le seul moyen d’aller plus loin à Paris et dans toute la France, c’est de défendre à l’Assemblée l’agriculture biologique, qui, pour le moment, ne peut pas répondre à tous les besoins. C’est en cela qu’intérêts locaux et nationaux sont liés. »

Priorité à la défense des libertés

Très attaché à la défense des libertés, Jacques Boutault a été le seul maire d’arrondissement à s’opposer à la banalisation de la vidéosurveillance dans la capitale (lire notre article). Il juge inacceptable la batterie de mesures liberticides mises en œuvre par le précédent gouvernement. « Le droit de choisir son mode de logement, le droit de ne pas être fiché, d’échanger le savoir sont pour moi des droits fondamentaux. » La bataille contre la loi Loppsi 2 devrait être l’une de ses priorités s’il est élu député.

S’il entre dans l’hémicycle, Jacques Boutault ne se contentera pas d’abroger des lois. Au programme : des mesures concernant les dérives du brevetage du vivant, le droit de vote des étrangers extracommunautaires, le mariage de personnes de même sexe… « Sur ces points, il y a urgence. On peut aller vite s’il y a la volonté politique. » À propos des homosexuels, son adversaire Pierre Lellouche s’était écrié « Il n’y a qu’à les stériliser ! » lors des débats sur le Pacs, en 1998.

Eros Sana

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