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Poissons et crustacés : comment s’assurer d’une consommation responsable ?

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par Marie-Christine Monfort, Sophie Chapelle

Comment être sûr, quand on achète du poisson ou des crustacés, de ne pas encourager la surpêche ? Que recouvrent les labels ? Sur quels critères peut-on distinguer les poissons dont les modes de production ont un impact limité sur l’environnement et sont le plus générateur d’emplois ? En France, avec plus de 200 espèces consommées provenant de plus d’une centaine de pays, la réponse n’est pas immédiate. A l’approche des fêtes, Basta! et Kaizen vous aident à décrypter les dessous des étals des poissonniers. Ce qui n’est pas toujours évident.

Cet article a initialement été publié sur Kaizen. La vidéo en complément a été réalisée par Basta!.

Les règles pour acheter des produits aquatiques (poissons, coquillages, crustacés) de manière responsable sont aujourd’hui assez bien connues. Il convient de renoncer aux espèces dont les stocks sont épuisés, ou qui ne sont plus en capacité de se régénérer (notre enquête sur la surpêche et une tribune à ce sujet). Il est aussi préférable d’acheter des poissons ayant eu au moins une fois la chance de se reproduire, en les choisissant de la « bonne » taille. Mais quelle est-elle ? Et comment savoir si le filet que l’on s’apprête à acheter provient bien d’un poisson mature ? De plus cette règle n’est pas pertinente pour toutes les espèces, le prélèvement des gros individus pouvant entraîner des déséquilibres dans les populations.

Pour vous aider, voici une vidéo qui décrypte les dessous des étals des poissonniers :

Bastamag

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Éviter d’acheter pendant la période de reproduction – à nouveau, à supposer qu’on la connaisse – est aussi recommandé, mais il faudrait élargir cette période de repos à quelques mois avant, pour éviter de prendre les individus qui, à ladite période, vont se reproduire. Enfin, il vaut mieux donner sa préférence aux poissons dont les modes de production ont un impact limité sur l’environnement (privilégier certains engins de pêche comme la ligne, le filet droit, le casier, etc.) et un bénéfice social maximisé (emplois locaux) [1].

Un peu de pragmatisme

Devant un étal de poissonnerie, l’acheteur peut-il suivre ces règles ? Concrètement, non ! Parce que ces informations de nature scientifique, lorsqu’elles existent, ne sont pas accessibles. Alors, que faire ? À défaut d’un idéal inatteignable, Kaizen vous propose quelques règles pragmatiques, à utiliser sans modération.

1. Limitez votre consommation de produits aquatiques sauvages. La limite biologique de la ressource halieutique mondiale nous invite à diminuer cette pêche.

2. Limitez votre consommation de produits aquatiques d’élevage carnivores (saumon, bar, daurade) et privilégiez les produits biologiques (notre enquête sur le saumon gavé aux pesticides).

3. Régalez-vous de moules et d’huîtres d’élevage français (lire à ce sujet Ce mal mystérieux qui décime les huîtres).

4. Renoncez aux espèces de pêche de grands fonds (grenadier, lingue bleue), aux requins et aux raies.

5. Au rayon surgelé, achetez de préférence les produits portant le logo MSC ou le logo AB.

6. Pensez à varier vos consommations.

7. Questionnez le détaillant sur l’origine du produit, sur le mode de capture, sur la période de reproduction. Qu’il sente que vous n’achetez pas les yeux fermés et partage avec vous la responsabilité de la durabilité.

Les valeurs sûres

Quelques associations ont établi des listes de poissons à éviter ou à privilégier. Mais ces listes sont plus ou moins solidement établies, et rarement mises à jour. Aujourd’hui (automne 2014), la seule liste fiable et à peu près à jour est celle établie en juin 2013 par l’Alliance Produits de la Mer. Elle indique qu’on peut se régaler sans trop hésiter de lieu noir, de lieu jaune, de merlu, de sardine, de maquereau, de sole, de plie, de limande, de langoustine, de crabe tourteau, d’huîtres et de moules.

Un label ?

Depuis quelques années, les produits vendus sur les bancs des poissonniers et dans les rayons surgelés des grandes surfaces ou des magasins spécialisés arborent des labels, des logos destinés à informer ou à orienter les consommateurs. Qu’en faire ?

Dans l’univers du rayon frais, les mentions prennent la forme d’une petite étiquette accrochée à l’ouïe du poisson, ou sur les contenants. Elle informe d’un aspect particulier de la vie du produit (l’engin de pêche utilisé, la criée de débarquement, le bassin d’origine (AOP) ou le pays d’origine, le nom du bateau, le caractère durable de la pêcherie (MSC), les conditions d’élevage biologique… Les cahiers des charges tiennent en une ligne ou en dix pages et les contrôles sont inexistants ou sérieusement menés par des experts. Vous pouvez faire confiance à ces petites informations, mais ne leur faites pas dire ce qu’elles ne disent pas. Un poisson pêché localement n’est pas forcément issu d’un stock pérenne ; un label bio ne signifie pas que le produit est issu d’un élevage artisanal ni qu’il est doté d’un goût supérieur.

Favoriser les circuits courts

Vendre le poisson frais directement aux consommateurs, plutôt qu’à travers le circuit traditionnel (pêcheur, criée, mareyeur, grossistes, détaillants), est expérimenté par un nombre croissant de pêcheurs, plutôt jeunes, au parcours atypique. Poiscaille, l’un de ces réseaux, vous propose de suivre la route du poisson de la mer à Paris.

Texte : Marie-Christine Monfort
Vidéo : Sophie Chapelle
Photo : Kaizen

Cet article est extrait du numéro 17 du magazine Kaizen, dont Basta! est partenaire (voir la description de Kaizen sur notre page Nos partenaires médias). Le dossier Peut-on encore manger du poisson ? a été réalisé en partenariat avec la rédaction de Basta!. Il est disponible dans les kiosques jusqu’à fin décembre 2014.