Inégalités

Pauvreté : un Français sur cinq a du mal à se nourrir sainement

Inégalités

par Sophie Chapelle

La pauvreté s’intensifie en France. Face aux restrictions que s’imposent les familles en difficulté, l’alimentation apparaît comme la variable d’ajustement. C’est ce que montrent les chiffres du dernier baromètre d’Ipsos et du Secours Populaire [1], alors qu’Emmanuel Macron doit dévoiler ce 13 septembre sa « stratégie » de lutte contre la pauvreté. 21 % des Français déclarent ainsi avoir du mal à se procurer une alimentation saine pour assurer trois repas par jour. Selon le Secours populaire, l’ajustement se fait soit de manière quantitative – manger moins, sauter un repas... –, soit de façon qualitative en mangeant moins de produits frais par exemple. 19 % des parents d’enfants de moins de 18 ans rencontrent également des difficultés pour payer la cantine.

Les difficultés financières se traduisent également dans d’autres secteurs de la vie quotidienne. 57 % déclarent parvenir difficilement à payer leurs dépenses d’énergie et 45 % leur loyer, leur emprunt immobilier ou les charges de leur logement. 38 % des sondés disent avoir des problèmes à payer certains actes médicaux mal remboursés par la Sécurité sociale. Globalement, 39 % des Français estiment avoir connu à un moment de leur vie, en 2018, une situation de pauvreté, contre 37 % en 2017. Une large majorité (81 %) considère que le risque que leurs enfants connaissent un jour la pauvreté est plus élevé que pour leur génération.

8,6 millions de Français en dessous de ce seuil pauvreté

Qui est pauvre, en France, en 2018 ? Les personnes interrogées considèrent que l’on est pauvre avec un revenu inférieur à 1118 euros mensuel. Or, ce montant se révèle très proche du Smic (1149 euros pour un Smic mensuel pour un emploi à 35h). Il demeure toutefois supérieur au seuil de pauvreté « officiel » calculé sur la base de 60 % du revenu médian national, soit 1015 euros. En 2015, 8,6 millions de Français se situaient en dessous de ce seuil pauvreté.

Certaines des mesures prises depuis un an par Emmanuel Macron et son gouvernement ont pu contribuer à fragiliser la situation des plus précaires : baisse de l’Aide personnalisée au logement (APL) de manière uniforme pour les 2,7 millions de ménages qui en bénéficient, la loi « Elan » sur le logement qui s’apprête à criminaliser les plus précaires, baisse drastique des contrats aidés qui permettaient, via les collectivités locales et les associations, de proposer des services accessibles aux ménages pauvres, mais aussi une inquiétante politique fiscale au détriment des missions d’intérêt général et de solidarité assumées par l’État, les collectivités locales et la Sécurité sociale.

Illustration : © Secours Populaire

Pour aller plus loin :
 Impôts, fraude, assistanat, vote réac : ces préjugés sur les pauvres qui ne supportent pas l’épreuve des faits

Notes

[1Échantillon de 1016 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. Voir les données