Proche-Orient

Palestine : un million de Gazaouis risquent de manquer de nourriture

Proche-Orient

par Eléonore Hughes

Un million de Gazaouis pourrait souffrir d’un manque de nourriture. La raison de cette pénurie ? Enclavée, soumise au blocus israélien, la bande de Gaza est très dépendante de l’aide alimentaire fournie par l’agence des Nations unies d’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA). Or, celle-ci accuse un déficit budgétaire de 60 millions de dollars suite à l’arrêt brutal de la contribution des États-Unis.

Le travail fournit par l’agence est essentiel pour la survie des Gazaouis. Le blocus mené par Israël depuis bientôt 12 ans a fait des ravages économiques. Un rapport de l’Onu de 2017 estimait même que la bande de Gaza serait « inhabitable » d’ici 2020. Le taux de chômage y dépasse 53%. La vie des Gazaouis est rythmée par les coupures en eau et électricité, devenues quasi-quotidiennes. Plus d’un million d’habitants et de réfugiés vivant sous le seuil de pauvreté y dépendent de l’aide alimentaire d’urgence. « Pour la première fois depuis que je suis arrivé il y a un an et demi, on me parle d’une augmentation des suicides, de la consommation de drogue et de la prostitution », témoigne Matthias Schmale, le directeur des opérations sur place. « Gaza n’est pas une crise humanitaire ; la situation n’est pas due à un tsunami ou à un tremblement de terre. C’est la conséquence d’une faillite politique et de douze années de blocus. »

L’Union européenne au secours des réfugiés palestiniens

L’agence onusienne a été créée en 1949 pour subvenir aux besoins de réfugiés palestiniens éparpillés à Gaza, en Cisjordanie, et dans des camps en Jordanie, au Liban et en Syrie. Les États-Unis étaient jusqu’à présent son premier donateur avec une contribution de 365 millions de dollars annuels, soit près d’un tiers du budget. Annoncée en 2018, la suspension brutale de ces subsides a pu être partiellement comblée par d’autres États, dont l’Union européenne, l’Allemagne, l’Arabie Saoudite, la Suède et, plus modestement, le Royaume-Uni ou la France. Mais il reste un trou de 60 millions.

L’agence humanitaire est dans le viseur de l’administration Trump, qui entend revenir sur le droit historique au retour des réfugiés palestiniens, pourtant garanti par une résolution des Nations unies. Jared Kushner, haut conseiller et gendre du président américain, accuse l’agence de perpétuer un statu quo, d’être « corrompu », « inefficace » et de ne pas aider à la paix, a rapporté le magazine Foreign Policy. Kushner aurait tenté de mettre la pression sur le gouvernement jordanien pour qu’il retire le statut de réfugiés à deux millions de Palestiniens.

Le retrait de Washington de l’UNRWA s’inscrit dans la continuité de la politique de soutien quasi inconditionnel envers Israël, comme le déplacement de l’ambassade de Tel Aviv à Jérusalem ou la reconnaissance du plateau du Golan comme faisant partie intégrante du territoire israélien, au mépris du droit international. Ce 8 juin, l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, a même déclaré, dans une interview au New York Times, que l’État d’Israël pourrait, selon lui, avoir « le droit de conserver une partie de, mais pas toute, la Cisjordanie », occupée par Israël depuis plus de cinquante ans. Quitte à créer des dizaines de milliers de nouveaux réfugiés ?

Photo : CC United Nations Photo