Contamination aux dioxines

Où sont passés les résultats de l’étude ?

Contamination aux dioxines

par Ivan du Roy

Fin mars 2008, l’Institut national de veille sanitaire (INVS) publiait une étude sur le risque de cancers pour les personnes résidant dans le voisinage d’un incinérateur de déchets, dans quatre départements (Haut-Rhin, Bas-Rhin, Isère et Tarn). Cette étude mettait en évidence « des relations statistiquement significatives » entre exposition aux fumées d’incinérations et diverses formes de tumeurs (lire notre article sur le sujet). Le risque de certains cancers et leucémies augmentait ainsi de 16% à 23% à cause de l’exposition aux dioxines rejetées par les fumées et dispersées au gré des vents. Pour prendre en compte les nouvelles normes imposées par l’Union européenne aux « usines d’incinération d’ordures ménagères » (UOIM) depuis 2001 et répondre aux « questions » posées par les riverains, une étude plus récente a été lancée par l’INVS. Elle porte sur 1053 personnes adultes habitant à proximité de huit usines d’incinération à Dijon, Maubeuge, Bessières (Haute-Garonne), Cluny (Saône-et-Loire) ou Pluzunet (Côte d’Armor).

Le 30 novembre 2006, une première synthèse était publiée. « Il n’a pas été mis en évidence de contamination par inhalation, par les dioxines et les PCB, des riverains des incinérateurs », constataient les scientifiques de l’INVS. « En revanche, la consommation de produits locaux d’origine animale et, en particulier, ceux des œufs ou des produits laitiers, augmente l’imprégnation par les dioxines et les PCB », notait l’étude. La présence de dioxines croissait de presque 20% chez les buveurs quotidiens de lait ou les grands mangeurs de fromage. L’INVS constatait ainsi « une plus forte exposition aux dioxines et PCB » chez les agriculteurs, et annonçaient des analyses ultérieures. Depuis, plus rien.

Un silence dont s’inquiètent plusieurs organisations de défense de l’environnement. «  Depuis plus de deux ans, la publication de l’étude complète et définitive a toujours été reportée et n’a toujours pas eu lieu à ce jour. Alors que la santé environnementale est, plus que jamais, au coeur des préoccupations des citoyens, le devoir d’information de la société civile se doit d’être respecté. L’actualité de ces derniers jours (contamination de la viande de porcs et de boeufs irlandais par des PCB, polluants proches des dioxines) vient rappeler les risques que font peser les polluants organiques persistants sur toute la chaîne alimentaire », s’alarment les Amis de la terre, le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid), la Fondation sciences citoyennes, WWF et d’autres associations. Elles ont lancé un appel à la ministre de la Santé Roselyne Bachelot et au ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo pour « une publication dans délai » des résultats de l’étude.

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