#imagineLaGauche

« Nuit Debout était une belle expérience, d’intelligence et de construction collective »

#imagineLaGauche

par Rachel Knaebel

Qu’est-ce qu’être de gauche selon vous ? Y a-t-il encore du sens à se dire de gauche alors que les partis qui l’incarnent sont très minoritaires à l’Assemblée ? Comment voit-on la gauche du futur ? Quelles sont ses valeurs, ses idées, ses projets, ses défis ? #imagineLaGauche, c’est la série lancée par Basta!, pour comprendre, reconstruire, rêver, renouveler, mettre en débat… Salariés, chômeurs, retraités, étudiants, paysans, militants associatifs, syndicalistes, artistes, chercheurs, jeunes et moins jeunes, témoignent.. Aujourd’hui, Véronique Servat, 47 ans, enseignante d’histoire en région parisienne.

« Le fait de se poser la question “qu’est ce la gauche” permet de s’interroger sur ce qui est essentiel : par exemple les organisations politiques, ou une sensibilité, une façon d’envisager demain. Moi, je suis de gauche. Mais je ne me reconnais dans aucun parti politique s’affirmant actuellement de gauche. Pour autant, la gauche, ce pourrait être une famille qui se réunit autour d’une sensibilité, qui se retrouve autour de l’attention à l’autre, d’une importance accordée au progrès social, à l’émancipation.

Par opposition à la droite, la gauche me semble être un courant sensible à l’utopie, à l’altruisme, à la solidarité, à la paix. Le pacifisme a complètement disparu du paysage politique, malheureusement. Personnellement, je suis enseignante, et je passe mon temps à parler de la guerre, en particulier en classe de troisième. C’est ce que demandent les programmes, sous la pression du ministère de la Défense.

Retrouver le sens de l’utopie

Je pense aussi qu’être de gauche est un combat contre toutes les formes d’exclusion et de racisme. Mettre des pierres à l’endroit où s’abritent des migrants à Paris, ce n’est pas être de gauche. Virer Nuit Debout de la place de la République, alors que ce sont des gens qui tissent une intelligence collective ensemble, ce n’est pas être de gauche. Le flicage des manifestations contre la loi travail, ce n’est pas être de gauche.

Une chose que la gauche défend mal, aujourd’hui comme par le passé, c’est ce qu’on appelle les quartiers populaires. Il faudrait comprendre ce qui se passe dans ces quartiers, et œuvrer pour que leurs habitants soient audibles. C’est une chose sur laquelle on avance pas du tout. L’utopie, c’est aussi quelque chose que les partis politiques ont laissé tomber. Pourtant, les pensées utopiques restent un moteur politique. Être aspiré par quelque chose qui nous dépasse, cela donne une envie d’aller vers demain, cela donne un mouvement d’allant.

La droite est figée, tournée vers une glorification du passé. Ce que j’aime dans les forces de gauche, c’est leur capacité à redonner envie d’avoir des rêves. En ce sens, Nuit Debout, c’était une belle expérience, d’intelligence et de construction collective, où l’échange était important. Une valeur de gauche fondamentale à mes yeux. »

Propos recueillis par Rachel Knaebel

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