Mobilisation

Manifeste : « Pour un Marseille vivant, ouvert et populaire »

Mobilisation

par Collectif

L’effondrement de deux immeubles le 5 novembre dans le centre-ville de Marseille a tué huit personnes, et ébranlé toute une ville. Le drame a notamment exposé au grand jour les méfaits d’une politique municipale de « pourrissement » des quartiers populaires, conduisant à l’éviction progressive de ses habitants. Mais depuis trois mois, la mobilisation locale ne faiblit pas. Le 29 janvier, près de quarante collectifs d’habitants des quartiers, associations et syndicats locaux ont présenté un manifeste. « Pour la mairie, une ville populaire est un problème, écrivent-ils. Pour nous, c’est la solution. C’est l’espace historique où se tissent les solidarités qui tiennent Marseille debout. »

Le drame de la rue d’Aubagne a mis à nu la brutalité de toute une politique. À Marseille, la ville se fait sans les habitant.e.s. Et même contre eux. Et ça ne peut plus durer. Le 5 novembre 2018, l’incompétence, le mépris et les magouilles ont tué Ouloumé, Fabien, Simona, Pape Maguette, Marie-Emmanuelle, Chérif, Taher et Julien. Zineb, tuée par une grenade lacrymogène le 1er décembre, en est aussi une victime.

Les taudis, les écoles délabrées, les équipements et services inexistants, les transports publics indignes de la « deuxième ville de France », les cités des quartiers Nord laissées à la dérive (Maison-Blanche, Air-Bel, Kalliste, parc Corot...) : la politique du pourrissement, nous en avons assez.

Assez, également, de la braderie du patrimoine et de l’espace public aux promoteurs, multinationales et fonds de pension (hauts de Sainte-Marthe, la Savine, les Feuillants, Corderie, Hôtel-Dieu...). Assez des millions investis pour les croisiéristes, assez des millions gaspillés pour fabriquer une ville qui n’existe pas, une ville falsifiée, quand la ville réelle est en train de crever.

Pour la mairie, une ville populaire est un problème. Pour nous, c’est la solution. C’est l’espace historique où se tissent les solidarités qui tiennent Marseille debout.

Nous voulons :

 La réquisition de logements vides pour y installer les sinistrés de Noailles, les évacués, les sans-­domicile et les mineurs isolés.
 Un programme de lutte contre l’habitat indigne qui ne serve pas de prétexte à l’éviction des pauvres du centre et des quartiers.
 L’interdiction de toute spéculation immobilière là où sont morts nos amis, voisins et parents.
 Des centres sociaux, des crèches et un financement non clientéliste des associations dans tous les quartiers.
 Le lancement d’un vaste programme public de rénovation et de reconstruction des écoles.
 Une rénovation qui réponde aux besoins de la population et respecte les activités et usages existants. Arrêt des chantiers inutiles et autres projets-vitrine comme sur la Plaine.
 Le maintien des marchés populaires et des commerces de proximité. La fin de la prolifération de centres commerciaux et autres attrape-touristes.
 L’annulation des partenariats public-privé, ces contrats ruineux pour la ville et les contribuables.
 Des transports en commun gratuits, pour en finir avec le tout-voiture et la ségrégation territoriale.
 La fin de l’arrachage compulsif de nos arbres (Luminy, parc Lévy, Longchamp, la Plaine, îlot Chanterelle, jardin des Vestiges...).
 Que toute opération d’urbanisme commence par de véritables concertations publiques, et non des simulacres : les habitant.e.s de Marseille doivent avoir le dernier mot.

Pour une ville vivante, ouverte et populaire.

Les signataires : Assemblée de la Plaine, Association Arte Chavalo, Association des Auteurs-Réalisateurs du Sud-Est, Association des usagers des bibliothèques de Marseille, CNT 13, Collectif 5 novembre - Noailles en colère, Collectif B-Vice La Savine, Collectif des Crottes - On se laisse pas faire, Collectif des écoles de Marseille, Collectif d’habitants des Bourrély, Collectif d’habitants de Maison Blanche, Collectif d’habitants d’Air-Bel, Collectif d’habitants du Plan-d’Aou, Collectif d’habitants Busserine-Picon, Collectif d’habitants du Petit-Séminaire, Collectif Grand rattrapage, Collectif Marseille en colère, Coordination de la Marche mondiale des femmes 13 Paca, Coordination Pas sans nous 13, Droit au logement 13, Emmaüs Pointe-Rouge, Front uni des immigrations et des quartiers populaires 13, FSU 13, Groupe de veille Busserine-Picon-Saint-Barthélémy, Ligue des droits de l’homme (LDH) Marseille, Les Amoureux au ban public 13, Les MacDonald’s de Saint-Barthélémy, Mille Bâbords, MutVitz 13, Primitivi, Réseau éducation sans frontières 13, Rouges Vifs, Solidaires 13, Sud-CT 13, Syndicat des quartiers populaires de Marseille, Un Centre-ville pour tous, UD-CGT 13, UL-CGT Marseille centre, Université populaire de Marseille.

Ce manifeste a pour vocation de porter haut et fort la voix des quartiers, associations et autres collectifs marseillais. Il reste bien sûr ouvert à de nouvelles signatures.

 Lire aussi notre article : À Marseille, « voilà des années que nous nous battons pour nos droits et contre le mépris des institutions ».

 Photo : Rassemblement « pour l’habitat digne et le droit à la ville » devant la Mairie centrale de Marseille, le 10 décembre / © Jean de Peña