Santé

Les psys manifestent contre les mesures liberticides imposées à l’Hôpital

Santé

par Martin Terrier

Ulcérés par les mesures sécuritaires engagées par Nicolas Sarkozy pour la maladie mentale début décembre, les psys se sont mobilisés en nombre ce 19 mars.

Les professionnels de la psychiatrie poursuivent leur mobilisation et ont activement pris part au mouvement social du 19 mars. A l’appel “traditionnel” des confédérations syndicales (et notamment de Sud), mais aussi et surtout du collectif La Nuit sécuritaire (émanation de L’Appel des 39), psychiatres, psychologues, infirmiers, ergothérapeutes… sont venus signifier leur rejet des mesures engagées par le président de la République pour réformer le champ psychiatrique. Rappelons que le 2 décembre dernier, à l’hôpital d’Antony, et faisant suite à un fait divers, Nicolas Sarkozy a annoncé sans concertation préalable nombre de mesures sécuritaires et régressives, qui marquent une rupture brutale dans l’accompagnement et la représentation du malade mental. Un discours qui n’était pas qu’un coup de menton émotionnel et médiatique : une circulaire du ministère de la Santé, le 22 janvier dernier, a entériné les annonces effectuées en débloquant les crédits – soit 70 millions d’euros –, destinés entre autres à la création de 200 lits “sécurisés” et de quatre unités supplémentaires pour malades difficiles.

Les psys, acteurs d’un hôpital déjà parent pauvre de la santé publique et engagé tant et plus dans une logique médico-économique, oscillent depuis entre inquiétude, colère et détermination. Très tôt après le désormais fameux discours d’Antony, fut créé le Groupe des 39 (rassemblement de psychiatres, psychologues, psychanalystes), dont l’Appel a recueilli la signature de plus de 25000 pétitionnaires – une mobilisation considérable, compte tenu d’un milieu professionnel coutumier des clivages et conflits idéologiques. Dans un récent courrier au président de la République, ce collectif a appelé à un moratoire suspendant l’application de ces mesures nouvelles et appelant à un dialogue concerté avec les professionnels. Débattre, négocier, défendre sa pratique, manifester donc. Autant d’actes que les psys souhaitent inscrire dans la durée. Comme le soulignait Jean Oury, fondateur de la Clinique de La Borde et « père » de la thérapie institutionnelle, le 7 février, à Montreuil : « Il importe de réfléchir la forme de cette lutte et de ne pas confondre tactique et stratégie. » Une marche dans les esprits, et sur le pavé.

Martin Terrier