Climat

Les pays riches reviennent sur leurs engagements

Climat

par Agnès Rousseaux

10 milliards de dollars par an de 2010 à 2012 : c’est ce qui a été négocié, dans les dernières heures du Sommet de Copenhague, pour financer l’adaptation des pays vulnérables aux effets du changement climatique. Un engagement bien dérisoire par rapport aux enjeux du réchauffement et à la « dette climatique » des pays du Nord. Et il n’est même pas sûr que cette promesse soit tenue ! Les modalités sont discutées par les délégués de 182 pays, actuellement réunis à Bonn pour deux semaines de négociations. « L’une des difficultés est qu’il n’y a pas de calendrier », explique Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention climat des Nations unies (UNFCCC), à Bonn. « Il y a eu une promesse de 30 milliards de dollars sur trois ans (...). L’argent commence à arriver par différents canaux mais je ne suis pas en mesure de dire si c’est conforme au calendrier car il n’y en a pas. »

Un groupe de travail a été chargé par l’ONU de faire des propositions sur ce sujet, pour arriver à un accord lors de la prochaine conférence sur le climat, au Mexique en décembre 2010. À Nice, lors du sommet France-Afrique la semaine dernière, le premier ministre éthiopien Meles Zenawi, responsable des négociations climatiques pour le continent africain, a rappelé que l’Afrique, en tant que « victime du changement climatique », veut voir « la couleur de l’argent » promis.

Les ONG cherchent également à maintenir la pression sur les pays développés concernant cet engagement. Elles craignent que ces aides ne soient qu’un recyclage de l’aide au développement déjà versée, et non des aides « additionnelles » comme promis. Certains pays pourraient revenir sur leur engagement de monter cette aide à 100 milliards de dollars par an à l’horizon 2020. Et encore faut-il que ces fonds soient utilisés au bon moment et au bon endroit.

L’ONG Oxfam demande qu’un « cadre clair pour récolter et doubler les 100 milliards de dollars promis de fonds publics » soit approuvé avant le sommet de Cancun en décembre. Si la Banque mondiale estime les coûts de l’adaptation au changement climatique dans les pays pauvres à 75 ou 100 milliards de dollars par an, pour l’ONG cela reste insuffisant. D’où la nécessité d’engagements encore plus ambitieux.

Les Amis de la Terre International souhaitent la création d’un nouveau « fonds climat » mondial placé sous l’autorité des Nations unies. Certains pays riches voudraient voir confier la gestion de cette « aide à l’adaptation climatique » à la Banque mondiale. Une option impossible pour l’ONG, pour qui la Banque mondiale est une institution « non démocratique et largement discréditée qui a l’habitude d’être l’une des causes des changements climatiques plutôt que de les prévenir ». Les négociations de Bonn ne semblent pas beaucoup avancer. Espérons au moins qu’elles ne remettront pas en question les minces engagements de Copenhague.