Pesticides

Les « oublis » du ministère de l’Agriculture

Pesticides

par Agnès Rousseaux

La gestion calamiteuse du « dossier du chlordécone », ce pesticide aspergé sur les plantations de bananes, notamment aux Antilles, est mise en lumière par deux rapports récents publiés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Institut national de recherche agronomique (Inra). Ces études, en reconstituant l’enchaînement des événements, pointent les « anomalies » dans la gestion du dossier par les ministères de l’agriculture successifs. Alors que les États-Unis interdisent ce pesticide dès 1976 à cause de ses effets néfastes sur la santé (cancers, troubles neurologiques...), la France laisse traîner le dossier jusqu’en... 1993, date de son interdiction dans l’Hexagone.

Ces rapports mettent en évidence des problèmes dans les procédures d’octroi des homologations, et le manque de prise en compte de l’impact des produits phytosanitaires sur l’environnement et la santé. Un impact jugé alors secondaire par les pouvoirs publics par rapport à la défense de l’industrie bananière.

Le Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF) se félicite de cette avancée, mais regrette que cette évaluation arrive seulement aujourd’hui. Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, l’association demande que l’homologation des pesticides ne soit plus un monopole du ministère de l’Agriculture. Celui-ci est en effet « dans une situation de juge et partie », comme le rappelle l’une des deux études. Pour le MDRGF, les ministères de la Santé et de l’Environnement devraient avoir le même pouvoir de décision dans le processus d’homologation des pesticides.

Les deux rapports :

 « L’autorisation du chlordécone en France 1968-1981 », Matthieu Fintz, Anses.

 « La saga du chlordécone aux Antillles françaises : reconstruction chronologique 1968-2008 », Pierre-Benoit Joly, Inra/Sens et Ifris.