« Gauche d’ouverture »

Le tintamarre des brasseurs de molécules

« Gauche d’ouverture »

par Christophe Guichet

Il y a des rentrées où mes oreilles souffrent encore plus que d’habitude du tintamarre des brasseurs de molécules. D’abord avec ce titre : « La gauche d’ouverture va mal »...

Notre ministre des Affaires étrangères avoue s’être posé la question, « dois-je démissionner ? », à propos du traitement réservé aux Roms et mis en place par son collègue auvergnat de l’Intérieur. Quelle drôle de question quand on a déjà tout accepté… Heureusement, notre ministre trouve « plus courageux » de rester et préfère « poursuivre son combat »… mais quel combat ? Où est le courage ?

Fadela Amara, quant à elle, ressent « des états d’âmes ». C’est tout ? Ces pelleteuses envoyées par Brice Hortefeux sous les applaudissements d’une grande partie des amis du président pour détruire les caravanes des Roms ne lui provoquent que « des états d’âmes » ? Quelle chance ! À croire que la pratique du pouvoir est la meilleure école pour s’endurcir. Il serait peut-être même très efficace que des TIGS (travaux d’intérêts généraux) puissent être proposés à des jeunes en difficulté avec la justice. Chopé avec 10 grammes ? Deux semaines ministre de la Solidarité ! Vol à l’étalage et délit de fuite ? Trois semaines ministre du Commerce…

Fadela, où est passé ton « c’est dégueulasse » de début de quinquennat ? Celui qui avait tant fait parler tes collègues du gouvernement qui se gaussaient d’un tel vocabulaire, signe pour eux le plus probant de l’ouverture ? Il est vrai que si tu avais persévéré dans ce combat de la différence avec ton langage, les mots te manqueraient certainement . Que dire pour cette proposition du député du groupe de tes nouveaux amis de deux ans et demi, qui propose d’incarcérer les parents de délinquants mineurs et récidivistes ? « T’es qu’un gros connard ? » « Ta grand-mère à poil devant le prisu ? »

Ou sur ce collègue du gouvernement qui ne voit pas de conflits d’intérêts entre ses différents postes de trésorier du parti et ministre du Budget, et de son épouse qui travaille pour une des généreuses donatrices de son mouvement ? Et qui préfère que sa femme démissionne plutôt que de perdre sa place ? « Macho de mes deux ? » « Tapie des bacs à sable ? » Et ces propos et actes terrifiants de ce ministre de l’Intérieur et de son collègue de l’Immigration qui rêvent de recréer des citoyens de seconde zone et expulser qui ne fait pas partie de leur conception de la nationalité ? C’est vrai que là, les mots manquent, que les insultes sont bien maigres pour exprimer le dégoût que provoquent leurs arrogances. « Tes états d’âmes » sonnent sans doute une fois de plus la défaite de « la gauche d’ouverture ». Ah, si au moins tu n’attendais pas que le petit te démissionne.

Christophe Guichet, auteur et metteur en scène