Nucléaire

Le projet suédois d’enfouissement « éternel » de déchets radioactifs désavoué par la justice

Nucléaire

par Rachel Knaebel

Les pays dépendant de l’énergie atomique trouveront-ils un jour une solution pour stocker définitivement les déchets radioactifs qu’ils continuent de produire ? Rien n’est moins sûr. Comme la France avec son projet d’enfouissement, Cigéo, à Bure (Meuse), la Suède cherche un tel site de stockage depuis déjà 40 ans, pour stocker les déchets radioactifs issus de ses 12 réacteurs qui sont ou ont été en activités.

Les industriels du nucléaire croyaient en avoir trouvé un. Mais un tribunal vient de rejeter, fin janvier, après sept ans d’examen, ce projet de site d’enfouissement définitif. Selon la cour, il n’est pas certain, en l’état du projet, que les capsules qui contiendraient le combustible nucléaire usagé ne présenteraient pas de fuites. Le projet pouvait donc conduire à des dégagements radioactifs dans les sous-sol… L’avis de la cour n’est toutefois qu’un conseil au gouvernement, qui doit encore décider de son côté s’il approuve ou non ce programme.

Pour Greenpeace Suède, cette décision « montre clairement que même après des décennies de recherches, un traitement sûr des combustibles nucléaires usés n’es pas garanti. Cette décision est un signal clair à nos politiques qu’il faut en finir aussi rapidement que possible avec cette énergie nucléaire dangereuse et aller vers les énergies renouvelables sûres. »

Les Suédois avaient déjà voté en 1980 lors d’un référendum national pour encadrer une sortie de l’énergie nucléaire d’ici à 2010. En dépit de ce vote, le gouvernement a officiellement renoncé à l’objectif d’une sortie du nucléaire en 2010, sans préciser de calendrier pour l’arrêt des réacteurs du pays. En 2016, la Suède, et sa puissante industrie nucléaire, dont le groupe Vattenfall – qui exploite aussi des centrales nucléaire en Allemagne et réclame 4,6 milliards d’euros à l’État allemand pour avoir décider de sortir de l’énergie atomique en 2022 –, envisage même de construire de nouveaux réacteurs. Sans savoir encore où en stocker les déchets à long terme, donc. Seule la Finlande a pour l’instant aménagé un site de stockage définitif de ses déchets nucléaires, à 420 mètres sous la surface de la Terre, pour un coût de 3,5 milliards d’euros. Il devrait accueillir ses premiers déchets radioactifs à vie longue, comme l’uranium 238 dont la période de radioactivité dépasse les 4 millions d’années, d’ici 2020.