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Le prix mondial de l’alimentation remis à des dirigeants de... Monsanto et Syngenta

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par Sophie Chapelle

Ce n’est pas un hoax. Le « World Food Prize » (prix mondial de l’alimentation) a bien été remis le 17 octobre, aux Etats-Unis, à trois figures de la recherche sur les semences transgéniques. Les lauréats : Robert T. Fraley, le vice-président de Monsanto, Mary-Dell Chilton, chercheuse américaine et membre fondatrice de Syngenta, ainsi que le scientifique belge Marc van Montagu, président de la Fédération européenne des biotechnologies, un puissant lobby pro-OGM à Bruxelles. « Leurs recherches permettent aux agriculteurs de cultiver des plantes qui améliorent des rendements, résistent aux insectes et aux maladies, et s’adaptent à des variations climatiques extrêmes », soulignent les organisateurs. Qui présentent cette récompense comme l’équivalent du prix Nobel de l’alimentation et de l’agriculture...

Créé par Norman Borlaug, leader de la révolution verte et lauréat du prix Nobel de la paix en 1970 pour ses travaux sur l’agriculture, le Prix mondial de l’alimentation récompense les scientifiques qui contribuent à « améliorer la qualité, la quantité et la disponibilité » de nourriture dans le monde. Derrière cette version officielle se niche une liste édifiante de sponsors au cœur de laquelle se mêlent Nestlé, Cargill, mais aussi la fondation Rockfeller et celle de Bill & Melinda Gates, très actives dans la promotion des biotechnologies dans le monde. Syngenta fait également partie des contributeurs au même titre que Monsanto qui, selon le New York Times, aurait versé 5 millions de dollars en 2008 à la fondation privée World Food Prize...

« Le choix de Monsanto trahit le but du World Food Prize », soulignent dans un communiqué 81 personnalités engagées, lauréates du « Right Livelihood Award » (prix Nobel alternatif). Elles voient dans ce choix « un affront au consensus international croissant pour des pratiques agricoles saines et écologiques. Des preuves supplémentaires venant du monde entier montrent comment les méthodes écologiques renforcent considérablement la productivité, améliorent le contenu nutritionnel des cultures au profit de la santé des sols, sans rendre les agriculteurs dépendants d’intrants au prix toujours plus élevé ». Une pétition dénonçant la « décision obscène » de remettre le World Food Prize au vice-président de Monsanto a déjà recueilli plus de 315 000 signatures.