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Podcast : le gouvernement veut-il en finir avec l’agriculture bio ?

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par Rédaction

La version française de la politique agricole commune (PAC), négociée au niveau européen, ne favorise pas les pratiques bio, au contraire. Les rédactions de basta!, Radio Parleur et Politis vous expliquent pourquoi avec leurs invité.es.

Agriculteurs et agricultrices bio se mobilisent depuis des semaines avec notamment une campagne d’action autour du « Bio à poil ». Raison de leur colère et de leurs inquiétudes : une taille sévère dans les aides publiques dont ils bénéficient via la politique agricole commune (PAC), négociée au niveau européen. Prévue pour 2023, la nouvelle mouture de la PAC a été adoptée le 25 juin dernier par les 27 pays de l’Union européenne, et sa déclinaison française prévoit de diminuer de 70 % les subventions versées aux agriculteurs et agricultrices bio – qui n’utilisent ni pesticides, ni OGM, ni engrais de synthèse.

Les plus gros exploitants remportent le magot

Pire : le gouvernement français prévoit un éco-régime de 70 euros par hectare, qui propose d’aider à la même hauteur les agriculteurs et agricultrices bios (soumis à un cahier des charges très précis) et l’agriculture dite à haute valeur environnementale (HVE) qui autorise l’usage de pesticides et d’engrais de synthèse. Beaucoup craignent de voir la part de bio diminuer, alors qu’elle est déjà minime : moins de 10 % de la surface agricole française.

À partir de 2023, ce sont finalement les gros exploitants sans pratiques vertueuses qui vont continuer à empocher le gros des aides publiques (la PAC, c’est 9 milliards d’euros par an pour la France). Ce qui s’accorde mal avec les urgences climatiques et sanitaires ; la (mauvaise) alimentation étant la cause de beaucoup de maladies chroniques (diabète, obésité, hypertension etc) ; tandis que les pesticides provoquent de nombreuses maladies professionnelles – cancers notamment – parmi les agriculteurs et agricultrices.

Comment faire, pour aller de l’avant ? Les nombreuses fermes bio qui se passent de la PAC, car trop petites pour y avoir droit, peuvent-elles être source d’inspiration ? Leur modèle est-il généralisable à une plus large part des terres agricoles françaises ? Voire à leur totalité ? Difficilement. Car changer de modèle agricole implique une profonde restructuration de nos campagnes et économies et cela ne pourra se faire sans une politique publique ambitieuse.

Avec : Avec Aurélie Trouvé (agroéconomiste, maître de conférence à Agro-Paris Tech), Loïc Madeline (éleveur dans l’Orne et secrétaire générale de la Fédération nationale de l’agriculture bio - Fnab), Benoit Bitteau (paysan et eurodéputé Europe écologie-Les Verts).

Production : Martin Bodrero, Alizée Chebboub, Nolwenn Weiler.

Réalisation : Étienne Gratianette

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Dans vos kiosques ce jeudi 1er juillet : l’hebdomadaire Politis.

À écouter chaque semaine : l’émission « Penser les luttes » de Radio Parleur.

Rendez-vous en septembre pour un prochain « Penser les Luttes » commun basta!, Radio Parleur et Politis.