Marseille

Le Ravi, ce petit journal qui résiste encore et toujours à Bernard Tapie

Marseille

par Ivan du Roy

Le Ravi, c’est un mensuel provençal à la fois satirique et d’enquête, qui risque de disparaître. Édité depuis onze ans par une association, La Tchache, le mensuel en difficulté financière passe ce 25 novembre devant le tribunal de commerce de Marseille. Objectif : proposer un plan de redressement pour tenter de continuer l’aventure.

Le Ravi est modeste par son audience – moins de 2000 exemplaires vendus dont 800 abonnés, 50 000 lecteurs du site Web – mais des plus utiles pour la pluralité de l’information en région PACA. Car la presse provençale est sinistrée. De Nice à Marseille, un nouveau monopole de presse est en train de se constituer, entre les mains d’un seul homme. La Provence, le principal quotidien régional, appartient majoritairement depuis janvier 2014 à Bernard Tapie, qui détient 80% des parts. Nice-Matin, menacé de dépôt de bilan, s’est constitué en société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) en novembre grâce à l’appui financier de… Bernard Tapie. Qui a pu dans la foulée reprendre l’intégralité de Corse-Matin, ancienne filiale commune de La Provence et de Nice-Matin… Reste-t-il des journaux qui ne seraient pas contrôlés par l’homme d’affaires proche de Nicolas Sarkozy ? Le quotidien La Marseillaise, d’obédience communiste, vient d’annoncer son dépôt de bilan et est mis en redressement judiciaire. Les comptes du pure-player Mars Actu, lancé en 2010 avec l’appui de Xavier Niel (Free), ne sont pas au beau fixe.

Dans ce contexte, la poursuite de l’aventure du Ravi, et « sa volonté d’enquêter en toute indépendance » revêt une importance particulière. Si ses ventes ont progressé, le mensuel associatif demeure encore dépendant des subventions des collectivités locales, notamment régionales. « Un besoin de soutien public, hors de toute relation clientéliste », assumé par son rédacteur en chef, Michel Gairaud. Le journal n’a d’ailleurs jamais hésité à bousculer un peu les élus en procédant à de réguliers « contrôles techniques de la démocratie », des conseils municipaux au Parlement européen, en passant par les Conseils généraux et régionaux. Est-ce cette impertinence affichée qui a contribué à ce que le vote de plusieurs subventions soit reporté ?

En attendant, Le Ravi, en déficit de 60 000 euros, va devoir réduire la voilure et licencier une partie de son équipe de sept salariés. Pour espérer, selon Michel Gairaud, « retourner ce moment de crise en dynamique » et relancer le titre sous une forme rénovée, à la fois sur papier et sur le web, en septembre 2015… Quatre mois avant des élections régionales à risque, avec un FN en embuscade.

 Le site du Ravi