Pesticides

La firme Monsanto ment-elle sur la composition du Roundup ?

Pesticides

par Agnès Rousseaux

Nouveau revers pour l’herbicide le plus vendu au monde. Produit phare de la firme Monsanto, le Round Up a pour substance active le glyphosate, dont des études ont déjà montré la toxicité sanitaire et environnementale : l’exposition à cet herbicide accentue le risque de fausses couches, de naissances prématurées ou de cancer. Des analyses récentes montrent que d’autres principes actifs sont présents. Un agriculteur charentais, Jacques Maret et le Mouvement pour le respect des générations futures (MDRGF) accusent Monsanto de commercialiser en France un Roundup dont la composition ne correspond pas à l’autorisation de mise sur le marché (AMM) accordée par le ministère de l’Agriculture.

En cause, les Round Up Express et Round Up GT Plus. Les analyses décèlent la présence, comme adjuvant, de polyoxyéthylène amine (POEA). Le POEA « endommage les membranes cellulaires », « modifie leur perméabilité » et « amplifie la toxicité déjà produite par le glyphosate, à travers apoptose et nécroses [1] ».

Face au refus du ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire de suspendre l’autorisation de mise sur le marché, Jacques Maret et le MDRGF portent l’affaire devant le Conseil d’État. La réponse du ministre est édifiante : le courrier indique « qu’il ressort des dossiers de mise sur le marché des produits en cause, et notamment de leur composition intégrale (...) qu’aucune des préparations susmentionnées ne contient de POEA ». Le ministère se base donc sur les déclarations de Monsanto et non sur des analyses indépendantes...

Fait aggravant : les « Round Up Express » et « Round Up GT Plus » ont été autorisés « pour les usages en jardin amateur ». Or les « garanties de moindre dangerosité » nécessaires pour de telles autorisations n’ont pas été établies pour ces deux Round Up. Les analyses montrent également une différence de composition chimique entre deux échantillons de Round Up express, ayant le même numéro d’AMM. Ce qui est illégal puisque une autorisation de mise sur le marché doit être faite pour chaque formule chimique différente.

Rappelons que le Round Up, « herbicide systémique » s’attaque directement au cœur des plantes, et qu’il reste ainsi à l’intérieur des récoltes traitées. Environ 15 000 tonnes par an seraient utilisées en France. Et les ventes de Round Up rapportent chaque année 2,6 milliards de dollars à Monsanto, dont la priorité n’est pas de gérer les risques sanitaires et environnementaux des produits qu’il commercialise.