Aquaculture

L’industrie de la crevette en plein greenwashing ?

Aquaculture

par Simon Gouin (Grand Format)

Les crevettes peuvent-elle être écolos ? Après le soja et l’huile de palme « responsables », c’est la crevette qui attire les critiques contre le WWF, qui travaille à une certification « écologique » de la filière. Une centaine d’ONG ont remis à l’association environnementale une lettre ouverte [1] pour dénoncer le Dialogue autour de l’aquaculture de la crevette [2], qui vise à créer une nouvelle certification afin de réduire l’impact environnemental de l’industrie de la crevette.

D’après le WWF, cinq millions de tonnes de crevettes sont consommées chaque année. Une consommation qui ne cesse de progresser. Un tiers des crevettes provient des fermes aquacoles, principalement de Chine, mais aussi de Thaïlande, d’Indonésie, d’Inde, du Vietnam, du Brésil, d’Équateur et du Bangladesh. Le développement de cette aquaculture s’exerce au détriment des mangroves, détruites pour faire place à de nouveaux bassins. À cela s’ajoute une pollution de l’eau et des terres côtières due aux déchets organiques rejetés par les crevettes, à l’eau salée, aux produits chimiques et aux antibiotiques utilisés par cette industrie. Les populations locales sont parfois privées de leur accès aux zones côtières.

Les standards de certification impulsés par le WWF permettront-ils une production plus respectueuse de l’environnement ? La certification provoquera plus de dommages locaux, estiment les associations dans leur lettre ouverte. En cause, notamment : la méconnaissance des conséquences de l’industrie sur les populations locales, la surreprésentation de l’industrie dans les négociations et des standards trop faibles. Ces derniers auraient été nettement affaiblis, au fil de leur élaboration, afin de s’assurer « qu’au moins 20 % de la production industrielle de crevettes puissent être immédiatement certifiés une fois les standards publiés ». En plaçant « un timbre vert » sur la crevette tropicale, le label du WWF pourrait aussi accentuer la demande de ce produit, critiquent les signataires de la lettre ouverte. Et donc finalement promouvoir et accélérer l’expansion de cette industrie.