Directive retour

L’extrême-droite en rêvait, le Parlement européen l’a fait

Directive retour

par Ivan du Roy

La directive « retour » a été adoptée le 18 juin par le Parlement de Strasbourg, par 367 voix contre 206, et 109 abstentions. Très contestée par les sociétés civiles, elle marque l’aggravation sans précédent des politiques ultra-répressives en matière de migration. Elle permet, entre autres, d’enfermer une personne pendant 18 mois, sur simple décision administrative sous prétexte qu’elle ne dispose pas de permis de séjour, et autorise l’expulsion d’enfants. Tous les amendements qui modéraient ces mesures ont été rejetés. « Cette directive porte atteinte aux libertés publiques et fait de l’enfermement un mode de gestion courant des populations migrantes », s’insurge la Cimade, qui « étudie avec ses partenaires toutes les voies possibles pour contester cette directive devant la Cour de justice ou la Cour européenne des droits de l’Homme. »

Les 287 députés de la droite européenne (groupe du Parti populaire européen) dont le courant démocrate-chrétien insensible aux appels des Eglises, ainsi que l’UMP, ont associé sans hésiter leurs voix à l’extrême droite. Les 43 députés nationalistes de l’Union de l’Europe des nations (UEN), ainsi que Jean-Marie Le Pen et ses colistiers du FN, ont intégralement voté pour. Seul une députée social-chrétienne luxembourgeoise, Erna Hennicot-Schoepges, a voté contre. « Les Droits de l’homme ne sont pas négociables », a-t-elle indiqué. L’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (Alde, 100 députés), dont le centriste Jean-Marie Cavada, a également voté majoritairement pour. Sept euro-députés libéraux, dont le Polonais Bronislav Geremek et trois élus du Modem, s’y sont en revanche opposés. Les trois autres représentants du Modem, dont Marielle de Sarnez et l’ancien général Philippe Morillon - qui a manifestement oublié l’importance du droit d’asile pour les Bosniaques - se sont abstenus. Encore plus grave, un député social-démocrate sur trois ne s’y est pas opposé. 34 ont voté pour, notamment le SPD Allemand ou le PSOE espagnol (tout deux au pouvoir), et 49 se sont abstenus. Le PS français a lui voté contre (Benoit Hamon et Vincent Peillon étaient absents...), comme les 43 députés verts et les 41 élus de la Gauche unie européenne, dont le PCF. Plus étrange, les eurosceptiques du groupe Démocratie et Indépendance se sont exprimés contre à une courte majorité (et à l’exception de De Villier et ses amis qui ont voté pour).

Ivan du Roy